La Belle Tournée de l’Orchestre Régional de Normandie, direction Jean Deroyer
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Fidèle à sa ligne artistique sortant des sentiers battus du répertoire lyrique, le Théâtre de l’Athénée ouvre sa saison avec Crésus de Reinhard Keiser, une redécouverte haute en couleurs, tant sur scène que dans la fosse. Un début de tournée prometteur pour cette nouvelle production de l’Arcal.
A en juger par cette première scénique française de Crésus, ouvrage de Reinhard Keiser créé en 1711 à Hambourg et remanié par l’auteur dix-neuf ans plus tard, on peut se dire que l’opéra vénitien du seicento avait trouvé un successeur, en langue allemande, au début du siècle suivant, à Hambourg, autre ville-état dont l’indépendance a sans doute, comme chez sa cousine italienne, favorisé une plus grande liberté de mœurs artistiques. Car c’est bien cet esprit, juxtaposant avec alacrité le tragique et le burlesque, le rire et le sentiment, que Benoît Bénichou a choisi comme ligne directrice pour raconter, sans temps mort, ce nœud de manœuvres amoureuses et politiques comme les affectionnait l’âge baroque, où l’emprunt à l’Antiquité sert de support à une fable morale qui peut bien encore nous parler aujourd’hui. Si les masques de papier glacé à l’effigie de chefs d’État, derrière lesquels se cachent les chanteurs pendant l’ouverture, appuient un furtif clin d’œil vaguement opportuniste, la scénographie d’Amélie Kiritzé-Topor, qui se résume à un vaste cube doré rotatif sur un tapis terreux aux allures de cendres, assume l’intemporalité de l’intrigue. A rebours d’une sobriété déférente, le spectacle assume l’éclectisme des registres de l’œuvre, que secondent les éclairages modulés par Mathieu Cabanes.
Vitalité gourmande
Il n’hésite pas à faire place à une excentricité très camp, à l’instar de la saynète où devisent Eliates et Elcius, impayables Jorge Navarro Colorado et Charlie Guillemin grimés en speakerines discos aux côtés d’une armoire à glace en petite tenue. Paillettes et changements de costumes sont d’ailleurs légion dans ce livret où positions et apparences sont malmenées. L’heureux dénouement du livret sera d’ailleurs trahi par une ultime édification : le champagne de la réconciliation a été empoisonné par Cyrus, le rival de Crésus. Emmenés par Johannes Pramsohler, les vingt-deux musiciens de l’Ensemble Diderot font chanter l’inventif camaïeu stylistique de la partition, synthèse originale des différentes écoles musicales européennes de l’époque, en particulier italienne et germanique. Élève de Reinhard Goebel, le chef autrichien appuie la vitalité gourmande de sa lecture sur les couleurs de ses pupitres, sans avoir besoin de bousculer les tempi. Suivant l’une des vocations de l’Arcal, le plateau vocal est composé de jeunes solistes, et façonne une galerie de personnages bien contrastés. Côté pouvoir, l’orgueil initial du Crésus de Ramiro Maturana cède devant le Cyrus mordant d’Andriy Gnatiuk, avec lequel a pactisé le traître Orsanes, campé avec rudesse et constance par Wolfgang Resch. Côté idylle, Inès Berlet détaille avec finesse les sentiments et la ruse du prince Atys, auquel Keiser a réservé quelques-unes de ses plus délicates pages, quand Yun Jung Choi fait palpiter les émois d’Elmira. Une mention également au Solon percutant de Benoît Rameau. Avec des moyens modestes, ce Crésus rivalise d’efficacité avec les plus dispendieuses machineries lyriques.
Gilles Charlassier
Les 30 septembre, 2, 3, 8 et 10 octobre à 20h, le 6 octobre à 19h. Tél. : 01 53 05 19 19.
Centre des Bords de Marne, 2 rue de la prairie, 94170 Le Perreux-sur-Marne. Jeudi 15 et vendredi 16 octobre à 20h30. Tél. 01 43 24 54 28.
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