Théâtre - Entretien

Corde.raide de debbie tucker green, mise en scène de Cédric Gourmelon

Corde.raide de debbie tucker green, mise en scène de Cédric Gourmelon - Critique sortie Théâtre Béthune Comédie de Béthune


Comédie de Béthune, Le Palace

Vous êtes un des premiers à mettre en scène le théâtre de debbie tucker green. Comment l’avez-vous découverte ?

Cédric Gourmelon : C’est une autrice impressionnante au geste fort et singulier. Son théâtre est complexe à traduire, même si ses mots sont simples et directs. Il y aura bientôt autour d’elle le même phénomène qu’on a connu avec Sarah Kane, du fait de leur compréhension suraiguë de notre société. Je suis persuadé qu’on va bientôt monter son œuvre partout : peu de ses pièces sont jusqu’alors accessibles en français. Elle exige que son nom et les titres de ses pièces ne comportent pas de majuscules, en hommage à bell hooks, intellectuelle américaine questionnant la place des femmes noires dans nos sociétés. J’avais lu mauvaise, que  Sébastien Derrey a mis en scène magnifiquement et j’ai découvert corde.raide, où l’humour est davantage présent mais où l’on retrouve la même terrible tension et une précision absolument unique dans l’écriture, qui paraît naturaliste et simple mais est extrêmement travaillée.

« On retrouve la même terrible tension et une précision absolument unique dans l’écriture. »

Que raconte cette pièce ?

CG. : Rares sont les pièces dont on ne peut pas dévoiler l’intrigue à ce point. Disons qu’une femme noire arrive sur scène. On ne sait pas où on est. Dans une administration ou dans les bureaux d’une startup. Dans un futur très proche ou un présent parallèle. Des sortes d’agents administratifs l’accueillent et la mettent en condition, lui proposant de boire un verre, de retirer son manteau, etc. Et ça dure longtemps. Ils sont très zélés, et font montre de trop de bienveillance. La femme est très affectée ; un tremblement des mains ne la quitte pas. Mais à un moment, on comprend ce qu’elle fait là, et l’effroi s’installe. La pièce parle de notre société de manière précise, de l’ubérisation qui peut devenir terrible si on l’applique aux services publics, comme la justice et le milieu carcéral.

C’est une pièce politique ?

CG. : Tout y est politique dans la mesure où elle reflète les dérives du libéralisme. Mais c’est aussi un thriller, un huis clos. La tension psychologique entre les personnages est à couper au couteau.

Comment s’annonce la nouvelle saison à Béthune ?

CG. : Très bien ! L’équipe est formidable ! Certains spectateurs ont momentanément déserté à cause du Covid mais ils sont en train de revenir. Et la programmation plaît beaucoup. Il n’y a que du théâtre, du classique, trois quarts de théâtre contemporain et des jeunes artistes qui ont beaucoup de talent. L’itinérance continue de se développer ; il y a vraiment matière à travailler : la tâche est intense mais l’on se sent vraiment bien.

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement


Corde.raide
du mardi 20 septembre 2022 au mardi 27 septembre 2022
Comédie de Béthune
138, rue du 11-novembre, 62400 Béthune

Mardi, jeudi et vendredi à 20h ; mercredi, samedi et lundi à 18h30 ; relâche le 25 septembre. Tél. : 03 21 63 29 19. A partir de 15 ans. Le 28 février 2023 au Granit, Scène Nationale de Belfort.


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