« Anitya – L’Impermanence » d’Inbal Ben Haim
Dans son solo Anitya – L’Impermance, Inbal [...]
Première création française d’une pièce de Shakespeare ! Cédric Gourmelon exhume Edouard III et en cisèle la mise en scène avec un talent hypnotique. Magnifique, vibrant et fascinant spectacle !
Cette pièce est-elle vraiment de la main de Shakespeare ? Les éditions d’Oxford et de Cambridge, expertes en paternité, l’ont définitivement attribuée au barde immortel en 2010 : autant dire que la lecture qu’en propose Cédric Gourmelon, pour la première fois en France, est la création d’un inédit de Shakespeare ! Hors la cocasserie de l’anecdote, ce spectacle prouve surtout le caractère atemporel du génie : Shakespeare écrit au XVIe siècle, il évoque le début de la guerre de Cent Ans et les démêlés entre les Valois et les Plantagenêt, mais le texte n’a pas pris une ride ! Il narre les efforts poliorcétiques d’Edouard pour forcer le cœur de la comtesse de Salisbury, et la manière dont la sagesse de la dame garde sa beauté : le propos éclate d’une lumineuse actualité ! Le respect du roi, cédant sur son désir et décidant d’aller fouailler le Français faute d’avoir pu besogner la comtesse, redonne des forces aux féministes et interroge, avec malice et profondeur, les raisons de la guerre. Cédric Gourmelon joue très habilement avec le temps de l’œuvre et celui de sa réception, pariant sur l’éternité des affects plutôt que sur une modernisation affectée. La guerre, le pouvoir, l’amour : depuis Crécy, rien n’a changé ! Les très beaux costumes de Sabine Siegwalt soutiennent intelligemment cette lecture. Le heaume du Prince Noir côtoie les coupe-vent des réfugiés de Calais ; les bourgeois humiliés puis graciés de la ville prétentieuse sont en sous-vêtements contemporains pendant que Bohême meurt dans un cocon de fourrure : le syncrétisme est magnifique !
Eclectisme et fusion
Les comédiens incarnent tous les protagonistes de cette lutte autour des trois couronnes d’Angleterre, de France et d’Ecosse. Vincent Guédon campe un extraordinaire Edouard, qui passe du fol amant de la comtesse au grave vainqueur accueillant en héros à Calais son fils victorieux à Poitiers. Il est aussi drôle en amoureux incapable de dire combien la belle est belle, qu’il est terrible dans la scène où il promet que les os de la noblesse française serviront de piliers au catafalque de son fils. Face à lui, dans les deux premiers actes, la lumineuse Fanny Kervarec, bouleversante et intense comtesse de Salisbury, est une révélation ! Zakary Bairi, Laurent Barbot, Jessim Belfar, Vladislav Botnaru, Guillaume Cantillon, Victor Hugo Dos Santos Pereira, Manon Guilluy et Christophe Ratandra complètent cette distribution de leur très haut talent et de leur stupéfiante aisance. Le texte de Shakespeare, traduit par Jean-Michel Déprats et Jean-Pierre Vincent sonne avec une clarté sidérante : sa poésie est servie par cette troupe fabuleuse avec une force magnétique. Le tragique se mêle au comique, l’intime à l’épique, comme se rencontrent le rock alternatif d’Odezenne et la mélancolie de John Dowland, pour dire grandeurs et misères des rois et infinis paradoxes de la condition humaine. La scénographie de Mathieu Lorry-Dupuy, l’univers sonore de Julien Lamorille, les lumières de Marie-Christine Soma contribuent également au miracle de cette résurrection d’un texte oublié ! Cédric Gourmelon est un grand thaumaturge !
Catherine Robert
Mardi et jeudi à 18h30 ; lundi et mercredi à 20h. Tél. : 03 21 63 29 19. Durée : 3h15 avec entracte. Tournée : du 14 au 18 octobre au Théâtre du Nord ; le 13 novembre au Théâtre de Chartres ; du 25 au 27 novembre au Théâtre Olympia ; du 2 au 4 décembre à la Comédie de Reims ; du 7 au 9 janvier au Théâtre des 13 vents ; du 22 janvier au 22 février au Théâtre de la Tempête. Spectacle vu à la Comédie de Béthune.
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