Théâtre - Critique

Calme

Calme - Critique sortie Théâtre Nanterre Théâtre Nanterre-Amandiers


Théâtre Nanterre-Amandiers / de Lars Norén / mes Jean-Louis Martinelli

Une mère est en train de mourir. Sans souffrance. Presque tranquillement. Les médecins viennent de la condamner. Dans trois mois, elle ne sera plus là. Faisant face à cette perspective à travers une forme de distance, de résignation, la famille de Lena continue sa vie tant bien que mal, dans la langueur de l’hôtel-restaurant désert dont elle a la charge. Les heures s’étirent. Lentement. Ernst, le mari, va et vient entre la cave et la réception. Il tente de combattre son alcoolisme, le sentiment de culpabilité qui est le sien, sa profonde sensation de solitude. Ingemar, le fils aîné, s’oppose à ce père neurasthénique, ainsi qu’à son frère John (double de Lars Norén), un jeune poète qui souffre de troubles schizophréniques. Ingemar condamne les difficultés de ces deux êtres qui ont du mal à vivre, à « avancer normalement » dans l’existence. Comme souvent chez l’auteur suédois, Calme (pièce écrite en 1984, publiée chez L’Arche Editeur), nous plonge au cœur des tourments d’une famille en voie de décomposition. Jean-Louis Martinelli donne corps à ces tourments en présentant une mise en scène forte et exigeante. Une mise en scène d’une grande tenue, toute en creux et profondeur, servie par un quintette de comédiens exemplaire.

Une « quête désespérée de dire le vrai »  

Dans ce spectacle qui laisse percer des atmosphères rappelant les tableaux d’Edward Hopper (la scénographie est de Gilles Taschet, les lumières de Jean-Marc Skatchko, les costumes de Karine Vintache), Delphine Chuillot, Jean-Pierre Darroussin, Alban Guyon, Christiane Millet et Nicolas Pirson servent de façon admirable la densité d’un quotidien ponctué de rudesse, mais aussi d’humour noir. « On est dans une quête désespérée de dire le vrai, fait remarquer le directeur du Théâtre Nanterre-Amandiers. (…) Cela vaut au-delà de la famille, c’est une position politique aussi, d’essayer de se dire et de dire le monde pour ce qu’il est et sans masque. » Ce « vrai », la représentation de Jean-Louis Martinelli ne cherche jamais à l’édulcorer ou, au contraire, à l’assombrir pour en exacerber les accents dramatiques. Au plus près d’une matière théâtrale juste, pénétrante, le metteur en scène signe un travail d’une grande intelligence. Echappant à toute facilité, cette création nous fait entrer de plain-pied dans la complexité de certains rapports familiaux. Des rapports troublants, qui nous soumettent aux impulsions contradictoires du ressentiment et du besoin d’amour.

Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement


Calme
du vendredi 18 janvier 2013 au samedi 23 février 2013
Théâtre Nanterre-Amandiers
7, avenue Pablo-Picasso, 92022 Nanterre.
Du 18 janvier au 23 février 2013. Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h30, le jeudi à 19h30. Tél. : 01 46 14 70 00. www.nanterre-amandiers.com. Durée de la représentation : 3h15 avec entracte.

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