Classique / Opéra - Entretien

Barry Douglas

Barry Douglas - Critique sortie Classique / Opéra


 « La scène musicale irlandaise ne se limite pas au crossover celtique et à U2 »
 
Quel est le fonctionnement de la Camerata d’Irlande, dont vous êtes le directeur artistique ?
 
Barry Douglas : Nous donnons chaque année environ quarante concerts, en Irlande du Nord et du Sud, mais aussi à l’étranger. Il est très important pour nous de nous produire à l’international, afin de montrer que la scène musicale irlandaise ne se limite pas au crossover celtique et à U2. Les quarante musiciens de l’ensemble sont irlandais et ont entre vingt et trente-cinq ans. Le problème musical majeur dans ce pays, c’est l’absence de conservatoire supérieur. Les musiciens doués s’exilent… Quant au financement de l’orchestre, il est en grande majorité privé.
 
Qu’est-ce qui vous a amené à diriger ?
 
B.D. : Avant d’être pianiste concertiste, je dirigeais déjà des petits ensembles et des chœurs. Plus tard, je me suis mis à étudier la direction, notamment avec Marek Janowski et Jerzy Semkov. J’ai aussi beaucoup appris en jouant aux côtés de baguettes comme Lorin Maazel ou Kurt Sanderling. Ces musiciens profonds m’ont éduqué.
 
Quelle est votre approche interprétative des concertos de Mozart, dont trois sont au programme de votre concert parisien ?
 
B.D. : Les concertos de Mozart sont comme des petits opéras. Il faut trouver la trame, les personnages. J’ai un peu un rôle de metteur en scène. Il est par ailleurs intéressant de retrouver les couleurs, les respirations de la voix avec les instruments. Même si je n’aime pas trop leurs sons, les interprétations sur instruments anciens m’inspirent en matière d’articulation, de tempo. D’ailleurs, certains musiciens de l’orchestre maîtrisent aussi ce type d’instruments.
 
Au côté de votre travail avec la Camerata, vous continuez une carrière de soliste…
 
B.D. : Je suis surtout connu pour mes interprétations des concertos romantiques : Tchaïkovski, Rachmaninov…. Je continue à les jouer. Mais je ne fais pas que cela. Je donne également de la musique contemporaine, en travaillant notamment beaucoup avec le compositeur polonais Krystof Penderecki.
 
Comment jugez-vous la situation politique actuelle de l’Irlande du Nord ?
 
B.D. : Après quarante ans sous la tutelle complète du Royaume-Uni, l’Irlande du Nord a enfin son propre Parlement. C’est une avancée phénoménale. Mais le problème est aujourd’hui d’ordre économique. Nous n’avons pas le budget pour prendre nous-mêmes des décisions. La culture, et notamment la musique classique, sont menacées. Pour cela, je mène une véritable campagne, en publiant des lettres dans les journaux et en faisant du lobbying.
 
Propos recueillis par Antoine Pecqueur

 
Jeudi 31 janvier à 20h au Théâtre des Champs-Elysées. Tél. 01 49 52 50 50. Places : 5 à 65 €.

A propos de l'événement




A lire aussi sur La Terrasse

  • Danse - Gros Plan

8ème édition du Sobanova Dance Awards #8, tremplin pour la jeune création chorégraphique

Plus de dix ans que l’association Sobanova [...]

Le vendredi 3 mai 2024
  • Jazz / Musiques - Gros Plan

Le Châtelet fait son jazz, deuxième édition

Après une première édition l’an passé, le [...]

Du mercredi 22 mai 2024 au 27 mai 2024
  • Jazz / Musiques - Gros Plan

Laurent de Wilde fait le tour de son monde

À l’occasion du festival Le Châtelet fait son [...]

Le samedi 25 mai 2024