Aucun de nous ne reviendra

« Aujourd’hui on sait / Depuis quelques années on sait / On sait que ce point sur la carte / c’est Auschwitz / On sait cela / Et pour le reste on croit savoir », écrit Charlotte Delbo à propos du camp de concentration dans lequel elle fut déportée, et où elle survécut alors que tout n’était que mort autour d’elle. La compagnie L’Escabelle invite « à l’écoute de cette écriture qui a su s’inventer, étonnante et magnifique, dans la volonté même de transmettre une expérience qualifiée d’indicible », et de célébrer l’infatigable merveille de vivre, sans larmes ni haine, malgré les fantômes torturés d’une mémoire imprescriptible. Les propositions sonores d’Alain Mahé, qui active en direct ses pierres sonnantes, forment une trame sur laquelle vient s’installer la voix de la récitante. A l’issue de chaque représentation, la Compagnie invite à une rencontre, au pied des escaliers Sainte Anne, afin de poursuivre la conversation avec ce texte puissamment poétique et éblouissant d’humanité.

Catherine Robert