Théâtre - Critique

Anna Karénine (les bals où on s’amuse n’existent plus pour moi)

Anna Karénine (les bals où on s’amuse n’existent plus pour moi) - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de la Tempête


Théâtre de la Tempête / de Léon Tolstoï / mes Gaëtan Vassart

Entre deux représentations, Golshifteh Farahani s’est rendue à Cannes où elle a présenté le dernier film de Jim Jarmusch. La présence de la comédienne franco-iranienne dans le rôle-titre d‘Anna Karénine attise sans nul doute la curiosité autour de ce spectacle. De l’univers glamour et insupportablement clinquant du cinéma à une modeste production théâtrale portée par un metteur en scène peu connu – Gaëtan Vassart –, on admire le choix de Golshifteh Farahani de changer ainsi d’univers et de dimension. Surtout qu’elle s’essaie pour la première fois au théâtre. Une première qu’on sera loin de qualifier de «  sublime  » comme peuvent le faire certains confrères. Même si, sans conteste, Golshifteh Farahani ne s’en sort pas mal. Sa beauté à l’image devient frappante au plateau. Une capacité hors normes à attraper la lumière, un visage où naturellement l’enfant se mêle à la femme, une manière d’allier la mélancolie à la fureur, une grâce de Pieta lui permettent d’incarner avec vraisemblance cette Anna Karénine réputée pour sa beauté exceptionnelle, et aussi héroïne tragique emportée par la passion amoureuse.

Bouleversements politiques et sociaux

D’Anna Karénine, Gaëtan Vassart a voulu retenir avant tout la modernité : sa capacité à suivre son désir qui la plonge dans un destin tragique. A côté d’elle, Daria, épouse éternellement trompée, passe sa vie à s’occuper de ses enfants. Et Kitty, jeune femme d’abord énamourée de celui qui deviendra l’amant d’Anna Karénine, verra triompher en elle un amour plus profond mais aussi plus sage pour Constantin Lévine, propriétaire terrien et figure d’humaniste proto-communiste. Éternel combat entre le devoir, la passion et la raison, Anna Karénine dresse aussi une fresque de cette Russie de la seconde moitié du 19ème siècle en pleins bouleversements politiques et sociaux. Mais la prose romanesque de Léon Tolstoï passe mal au plateau. Stanislavsky s’y était déjà essayé et Gaëtan Vassart s’y plante. Le roman d’amour quelque peu moralisateur de Tolstoï se transforme en une série d’épisodes sans enjeu où les tourments des personnages se répètent sans jamais nous toucher. Sur scène, quelques chaises que les comédiens déplacent à l’envi posent les bases d’un théâtre brut, mais les partitions sont inégales, certains comédiens paraissent empruntés, les corps mal à l’aise, et la direction d’acteurs semble avoir lesté une distribution pourtant très majoritairement issue du Conservatoire. Manque de rythme et de dynamique, jeu trop illustratif, le spectacle ne propose pas non plus d’univers scénique cohérent. Quelques tableaux fonctionnent, la narration elliptique qui reste claire permet de maintenir l’intérêt jusqu’à un beau monologue final. Mais c’est tout.

Eric Demey

 

A propos de l'événement


Anna Karénine (les bals où on s'amuse n'existent plus pour moi)
du mardi 24 mai 2016 au dimanche 12 juin 2016
Théâtre de la Tempête
Route du Champ de Manoeuvre, 75012 Paris, France

du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 16h. Tel. : 01 43 28 36 36.


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