« Anatomie » vient du mot grec signifiant « couper, découper ». Le savoir anatomique est en effet intrinsèquement lié à l’acte de disséquer, c’est-à-dire d’ouvrir le corps. Médecin de formation, et fils de boucher, Tomeo Vergés est, en toute logique, fasciné par cette opération. Mais son scalpel n’a pas besoin d’inciser la chair pour faire apparaître « l’intérieur » : c’est par l’interrogation du geste même – décortiqué, interrompu, répété – qu’il éclaire l’expressivité du mouvement. On reste ébahi devant la virtuosité, l’humour et l’étrange familiarité de ce geste cinématographique, qui dans le morcellement se mécanise autant qu’il révèle sa fragilité. Les scènes cocasses (le chorégraphe parle de « vaudeville expérimental ») s’épaississent et nous échappent au moment où l’on pense percer leurs ressorts. Une « dissection publique » fascinante, qui n’a rien à envier aux plus grands théâtres d’anatomie.
Marie Chavanieux
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