Théâtre - Critique

Montedidio

Montedidio - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de l'Atalante


L'Atalante / Montedidio / d’après le roman d’Erri de Luca / adaptation et mes de Lisa Wurmser

Dans les années 50, à Naples, le héros du roman d’Erri de Luca passe de l’enfance à l’âge adulte, entre plaisirs et cruautés. A la mort de sa mère, il découvre le chagrin inconsolable de son père, mais il trouve aussi l’amour dans les bras de Maria, la jeune voisine, qui lui offre ce que le propriétaire libidineux de l’immeuble essaie désespérément de lui acheter. Les premiers pantalons longs remplacent les culottes de l’enfance ; le travail prend la place de l’école, sous la double tutelle du menuisier Mast’Errico et du cordonnier Rafaniello, ange rescapé des camps de concentration, dont les ailes poussent doucement sous la bosse. Lorsque le gentil et généreux cordonnier, qui répare gratuitement les souliers des Napolitains les plus pauvres, aura terminé sa mue, il pourra rejoindre Jérusalem par les airs : sa transformation accompagne celle du jeune garçon, qui perd peu à peu sa voix et son corps d’enfant et se prépare lui aussi à s’envoler vers les cieux de la maturité.

La parabole du boomerang

Le père du héros, docker sur le port, offre à son fils un boomerang que lui a donné un marin de passage. Cet objet symbolise la croissance de l’enfant. Sur les terrasses de Montedidio, tout en haut de la ville, le héros s’entraîne à faire voler son cadeau d’anniversaire. En même temps que s’affermissent ses muscles, l’amour de Maria fait grandir son cœur et les leçons existentielles de Rafaniello aguerrissent son âme. François Lalande offre une belle authenticité au personnage du vieux cordonnier, entre la naïve tendresse d’une âme simple et la sublime conviction d’un séraphin en partance vers la terre du Livre. Jérémie Lippmann offre son corps musculeux et sa souple élégance au héros du roman, et campe avec crédibilité ce jeune homme s’arrachant à la chrysalide de l’enfance. Lisa Wurmser a adapté le roman d’Erri de Luca en faisant alterner le récit et l’interprétation. Jérémie Lippmann raconte l’histoire, à l’intérieur de tableaux successifs qui en incarnent les étapes principales. Paradoxalement, et c’est peut-être là une des limites du spectacle, c’est dans ces moments de récit que la poésie et la grâce de l’écriture du romancier italien apparaissent le mieux, comme si le texte résistait à l’imposition des images et préférait la sollicitation de l’imaginaire du spectateur. Reste que ce spectacle offre l’occasion d’un beau voyage dans l’univers onirique et symbolique de cet émouvant roman.

Catherine Robert

A propos de l'événement


Montedidio
du vendredi 8 février 2013 au vendredi 9 mars 2012
Théâtre de l'Atalante
10, place Charles-Dullin, 75018 Paris
Tél. : 01 46 06 11 90. Du 8 février au 9 mars 2013, à 20h30, sauf le jeudi à 19h et le dimanche à 17h ; relâche le mardi. Deux représentations les 16 et 23 février, à 17h et 20h30. Suite de la tournée : à La Barbacane, à Beynes, le 22 mars à 20h45 et au Pôle Artistique d’Alfortville, le 26 mars à 20h30. Durée : 1h15. Spectacle vu à l’Espace Michel-Simon de Noisy-le-Grand.

A lire aussi sur La Terrasse

  • Danse - Agenda

Pour Giselle

Revisiter Giselle quand on a traversé la [...]

Le jeudi 21 février 2013
  • Danse - Entretien

José Alfarroba

15 ans d’Artdanthé José Alfarroba, directeur [...]

Du vendredi 25 janvier 2013 au 25 avril 2013
  • Théâtre - Critique

La fausse Suivante

Agnès Renaud installe La fausse Suivante dans [...]

Du jeudi 24 janvier 2013 au 3 mars 2013