Théâtre - Critique

Airport Kids

Airport Kids - Critique sortie Théâtre


Ils viennent du Brésil, de Chine, d’Inde, du Maroc, d’Angola, d’Italie ou encore d’Irlande, de Russie et de France. Leurs parents sont cadres et travaillent pour des multinationales, Nestlé, Tetra pak et autres Philip Morris… Eux passent d’un pays à l’autre, sillonnent les écoles internationales, brinquebalés au gré des besoins du marché et des délocalisations. En perpétuel transit donc. Qu’importe, ils se construisent des identités mosaïques, des amitiés duty free, des cultures en intérim. Hyper adaptables, polyglottes, pragmatiques, voire arrivistes, ces transplantés chroniques ont intégré tous les codes du capitalisme mondialisé. Sans état d’âme. Ils s’apprêtent à « gérer » leur vie avec une lucidité tranquille qui ne s’encombre pas de morale désuète. « Je ne veux pas t’épouser, j’ai déjà un passeport suisse. », dit l’une. « Dans vingt ans, j’aurai le pouvoir / Tu seras vieux ou mort ! / Je serai le chef de ton entreprise », scande un autre. Adorables, ces neuf petits nomades mondiaux…

Pragmatisme effrayant
Après les passionnés du modélisme, les camionneurs bulgares et les téléphonistes indiens, le Suisse Stefan Kaegi continue d’explorer notre réalité mondialisée et ses effets collatéraux. Avec l’Argentine Lola Arias, il a mené plusieurs ateliers à Lausanne, regroupant des enfants de sept à quatorze ans, tous expatriés. A partir de leurs histoires, de leurs expériences de vie, de leurs mots aussi, ils ont bâti un spectacle entre fictions et témoignages. Sur le plateau devenu zone de transit, avec pont de levage, tapis roulant et containers, chacun habite son carton, lieu d’intimité précaire au milieu des colis en partance. Sous l’œil de caméras de surveillance qui traquent leurs moindres faits et gestes, ils racontent leurs existences et leurs visions d’avenir… d’un cynisme souvent glaçant tant il colle au monde marchand. Si ces jeunes comédiens sont touchants, le propos pourtant reste un peu anecdotique, un peu simpliste. Manque sans doute une distance critique, un regard qui ouvre à la réalité complexe de la globalisation. Et questionne l’illusion de l’authenticité.
 
Gwénola David

Airport Kids, textes et mise en scène de Lola Arias et Stefan Kaegi, les 6 et 7 mars à 20h30, au Théâtre de Brétigny, Espace Jules Verne, rue Henri Douard, 91220 Brétigny-sur-Orge. Rens. : 01 60 85 20 85 et www.theatre-bretigny.fr. Durée 1h20. Spectacle vu au Festival d’Avignon 2008.

A propos de l'événement




A lire aussi sur La Terrasse

  • Danse - Gros Plan

8ème édition du Sobanova Dance Awards #8, tremplin pour la jeune création chorégraphique

Plus de dix ans que l’association Sobanova [...]

Le vendredi 3 mai 2024
  • Jazz / Musiques - Gros Plan

Le Châtelet fait son jazz, deuxième édition

Après une première édition l’an passé, le [...]

Du mercredi 22 mai 2024 au 27 mai 2024
  • Jazz / Musiques - Gros Plan

Laurent de Wilde fait le tour de son monde

À l’occasion du festival Le Châtelet fait son [...]

Le samedi 25 mai 2024