AfroCubism, la quadrature du groove

Quand le célèbre producteur du label World Circuit – Nick Gold – rassembla les musiciens qui donnèrent naissance à l’un des projets les plus flamboyants de ces dernières années (le Buena Vista Social Club), il le fit malgré lui. À l’origine, le Monsieur voulait organiser une rencontre entre musiciens cubains et artistes maliens. Pour une obscure histoire de visas, ces derniers durent renoncer à participer à l’aventure. Près de quinze plus tard et après le succès phénoménal du « Buena Vista », Nick Gold réalise son rêve initial. Sa nouvelle « dream team » débarque sur les scènes mondiales avec une sacrée allure : en plus du chanteur-guitariste phare du Buena Vista (l’homme au chapeau Eliades Ochoa) accompagné d’une équipe de musiciens cubains aguerris, le producteur aux doigts d’or a su toucher cinq maîtres de la musique malienne : le joueur de kora complice d’Ali Farka Touré Toumani Diabaté, le roi du n’goni Bassekou Kouyaté, le fameux chanteur griot Kasse Mady Diabaté, le guitariste du Rail Band Djelimady Tounkara et le balafoniste Lassana Diabaté. Et le résultat est à la hauteur des espérances : kora et guitare électrique se marient à merveille, répertoires hispanique et africain se mélangent sans hiatus et le collectif opère un retour vivifiant et ensorcelant aux sources de la musique afro-cubaine. Rarement le terme « musique du monde » n’aura été aussi approprié : des mélodies et des rythmes qui s’adressent à toutes les parties du corps, de la tête aux pieds en passant par le cœur.