7 d’un coup

Avec 7 d’un coup, Catherine Marnas s’aventure dans un champ qui lui est peu familier : le conte. Réputée pour son travail sur les dramaturgies contemporaines – en cela, Lorenzaccio d’Alfred de Musset, sa précédente mise en scène, était déjà une exception –, la metteure en scène et directrice du TnBA adapte en effet une des versions les plus connues d’une histoire populaire allemande dont les premières traces écrites remontent au XVI^ème siècle : Le Vaillant petit tailleur des Frères Grimm, publié en 1812 dans le recueil Contes de l’enfance et du foyer. Non plus tailleur mais simple petit garçon qu’elle décrit comme « un peu trop petit, un peu trop malingre, maladroit, portant lunettes », le héros de Catherine Marnas affronte à travers une série d’épreuves sa peur du monde. Son incompréhension doublée d’un sentiment d’impuissance qui reste enfouie en chaque adulte, prête à réapparaître au moindre échec. À la première peine.

Épopée à hauteur d’enfant

Comme dans le texte d’origine, l’aventure de 7 d’un coup commence autour d’un pot de confiture. À l’abri des « durs à capuches » qui le harcèlent, Olivier – Olivier Pauls, fidèle collaborateur de Catherine Marnas, incarne le protagoniste – se réfugie dans son goûter, également très apprécié par les mouches. Après avoir tué sept de ces petits nuisibles, le garçon entame un tour du monde ponctué d’épreuves dignes d’une épopée. Ou presque. Avec seulement un fromage et un oiseau en poche, il parvient par exemple à vaincre un géant, à capturer une licorne et enfin à obtenir pour épouse la fille d’un roi. Autant d’exploits que donnent à voir Olivier Pauls et ses trois compagnons de scène – Julien Duval, Carlos Martins et Bénédicte Simon – qui interprètent tous les autres personnages. Dans la scénographie de Carlos Martins et l’ambiance sonore créée par Catherine Marnas elle-même, sous le pseudonyme de Madame miniature, tous les quatre créent les conditions d’une catharsis en même temps que celles du rêve.

Anaïs Heluin