Théâtre - Critique

Wu-Wei

Wu-Wei - Critique sortie Théâtre Sceaux Les Gémeaux


Critique
Les Gémeaux – Scène nationale de Sceaux
Conception et mise en scène Yoann Bourgeois

Des éclats de voix s’échappent d’un groupe uni en cercle et s’envolent en riant sur le gazon verdoyant. Des hommes et des femmes conversent au gré du jour. Puis quelqu’un traverse en courant, un autre le suit, un troisième flâne tranquillement, un couple passe à bicyclette, une femme cherche l’équilibre, une autre raille son mari, une ado fait un numéro virtuose pour l’anniversaire d’un ami, tandis que virevoltent les notes espiègles des Quatre saisons de Vivaldi jouées par le Balkan Baroque Band. Ainsi va la vie… fuyant de temps en temps pour finir par s’en aller dans les gouffres du souvenir. Chacun des acteurs livre d’ailleurs d’une phrase projetée en silence une date de son parcours. « A l’âge de 10 ans, en 1967, Zuo Liang entrait à l’école d’art pour apprendre le rôle de sa vie, répétant pour la première fois cette scène qu’il répèterait pendant plus de quarante ans », « Le 14 juin 1986, Aï Guo devient membre du parti communiste. »… Ainsi va l’Histoire.

Série de vignettes

Wu-Wei. C’est par ce concept taoïste dont la traduction littérale pourrait être « le non-agir », entendu comme action sans force, que Yoann Bourgeois a relié l’art acrobatique des acteurs de Dalian à sa pratique circassienne. Formé au Cnac et au CNDC d’Angers, il a développé une approche du cirque fondée sur la « figure comme motif » et appréhende l’acteur « comme un vecteur de forces physiques qui passent par lui ». La pièce est ici construite en une série de vignettes qui explorent des actions quotidiennes : tirer un cerf volant, courir à travers champ, jouer à se battre, costumer quelqu’un, s’élancer, sauter, chuter… Les onze artistes âgés de 20 à 63 ans s’exécutent avec une remarquable précision, tandis que les surtitres déclinent leurs identités et qu’en voix off, Marie Fonte livre les impressions et les questions qui ont innervé la création du spectacle. Autant d’éléments sensés entrer en résonance. L’ombre de Pina Bausch rôde, qui savait si bien se faire discrète observatrice des rituels de l’existence, pour y prélever gestes intimes et parades sociales, pour laisser affleurer la personne débarbouillée de tout personnage. Cadrés par le formalisme de l’esthétique et de l’écriture, peut-être aussi par leur culture, les acteurs brident (encore ?) leurs jeux. Manque ici l’humain. C’est-à-dire l’essentiel.

Gwénola David

A propos de l'événement


Wu-Wei
du mardi 11 décembre 2012 au dimanche 16 décembre 2012
Les Gémeaux
Les Gémeaux, 49, avenue Georges Clemenceau, 92330 Sceaux
Du 11 au 16 décembre 2012, à 20h45 sauf dimanche 17h. Tél. : 01 46 61 36 67. Durée : 1h. Spectacle vu à la MC2 Grenoble.

 

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