Théâtre - Critique

Wonder Woman enterre son papa, texte et mise en scène Sophie Cusset

Wonder Woman enterre son papa, texte et mise en scène Sophie Cusset - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de Belleville


Théâtre de Belleville / Texte et mes Sophie Cusset

Sophie Cusset est comédienne, autrice et metteuse en scène. Elle partage aujourd’hui le plateau du Théâtre de Belleville avec Audrey Bertrand, Robin Causse et Delphine Raoult, interprètes qui, comme elle, passent d’un personnage à un autre, jouent, chantent et dansent, investissent les formes du burlesque pour donner couleur, joie, relief à Wonder Woman enterre son papa. C’est dans sa propre existence que Sophie Cusset est allée chercher la matière de cette création tragi-comique, ce « cabaret sombre et pailleté », comme elle le caractérise. Dans son existence, mais aussi dans celle de son père. Souffrant de la maladie de Parkinson, ce dernier a passé les neuf dernières années de sa vie dans un EPHAD, avant de disparaître d’un cancer, à l’âge de 89 ans. C’était en 2015. Durant un mois, jusqu’à sa mort, l’artiste de théâtre a accompagné son père au jour le jour, devenant elle aussi, par la force des choses, résidente de l’établissement médicalisé au sein duquel il vivait. Rien de très réjouissant, pourrait-on penser. C’est pourtant bien une comédie que la cofondatrice de la Compagnie Octavio nous présente. Une comédie satirique de 1h05 qui prend le parti de railler le ridicule de certaines attitudes, certaines situations, plutôt que d’en pleurer.

Un spectacle éclair

Sans jamais s’appesantir sur quoi que ce soit, par le biais de scènes vives et brèves, d’extraits de chansons (de Joe Dassin, France Gall, Claude François, Céline Dion), de monologues intimes, Wonder Woman enterre son papa avance d’une allure de cavalcade pour pointer du doigt, comme en passant, toutes sortes de choses. Les conditions de travail des personnels employés dans les EPHAD, bien sûr, et le quotidien des résidents, soumis à des réalités tout à la fois cocasses et inconvenantes. Egalement le mercantilisme des pompes funèbres et leur manque manifeste d’empathie envers les familles des défunts qu’elles sont chargées d’inhumer. Sophie Cusset parle aussi du théâtre, de façon alors tendre et facétieuse, à travers des personnages d’anciennes comédiennes ressassant leurs grandes heures aux côtés de metteurs en scène comme Adel Hakim ou Bernard Sobel. Exorcisme contre la fin de vie, cette proposition trop courte laisse une impression ambivalente. On est séduits par certains moments de drôlerie et de sincérité. Par des fragments de gravité. Mais on reste en suspens. On aimerait voir s’exprimer plus amplement, plus profondément, cette fantaisie autofictionnelle faisant se rencontrer paillettes, cimetière et gel hydroalcoolique.

Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement


Wonder Woman enterre son papa
du dimanche 6 mars 2022 au mardi 29 mars 2022
Théâtre de Belleville
94 rue du Faubourg du Temple, 75011 Paris

Le lundi à 21h15, le mardi à 19h15, le dimanche à 17h. Durée de la représentation : 1h05. Tél. : 01 48 06 72 34. www.theatredebelleville.com


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