Danse - Critique

Wo-Man / Point Zéro, d’Amala Dianor

Wo-Man / Point Zéro, d’Amala Dianor - Critique sortie Danse Paris Théâtre de la Ville Les Abbesses


Théâtre des Abbesses / chor. Amala Dianor

Alors que la première de Wo-Man/Point Zéro était jouée au Théâtre des Abbesses à Paris, deux autres créations d’Amala Dianor l’étaient en même temps à Marseille avec Urgence et à Mantes-la-Jolie avec Siguifin. Le succès du chorégraphe n’est pas volé. Les deux courtes créations présentées pour la première fois aux Abbesses s’imposent comme une performance sans faute, et redéfinissent la danse dans un langage impeccablement maîtrisé par tous. Le trio de Point Zéro réussit ainsi à soutenir une parfaite synergie tout en usant des singularités de chacun : Johanna Faye, Mathias Rassin et Amala Dianor, issus de différentes formations, composent ensemble et font collectif, dans un programme sous le signe des retrouvailles. C’est cela, le « point zéro », un travail commencé il y a vingt-cinq ans, avant que chacun ne poursuive sa route dans des chemins différents. C’est presque un quatuor, tant la création musicale d’Awir Leon joue un rôle déterminant et visible, matérialisé par une table électronique en fond de scène, animée par les danseurs et faisant de la bande-son un support vivant. Sourires en coin, paroles échangées à vue, les danseurs se chassent, se cherchent et se défient dans une danse nourrie de plusieurs inspirations. Dans un genre métissé unissant des danses urbaines et contemporaines, c’est un réel plaisir de les voir évoluer avec tant d’énergie.

Nangaline Gomis, brillante, domine la soirée

Mais c’est avec Wo-Man que la soirée commence. Nangaline Gomis, jeune danseuse issue du conservatoire de Lyon, performe un Man Rec (solo d’Amala Dianor, 2014) au féminin. Et quelle prestance ! Entrée d’un pas assuré au plateau, dans un habit bleu électrique, c’est tout aussi survoltée qu’elle mène le solo jusqu’à son terme. Isolations, extensions, relâchements, chaque technique, issue d’un savant mélange des styles cher à Amala Dianor, est maîtrisée avec une fluidité remarquable. D’un regard exalté, Nangaline toise la salle et joue avec. Le plateau est nu mais elle est partout. Sur la musique sourde, Nangaline vole, survole, tient les spectateurs en haleine avec une présence folle. Elle joue avec le rythme, et surprend minute après minute, défiant même le temps, suspendu. Une énergie rare qui, si l’on peut être tenté de la qualifier de juvénile, mérite davantage l’adjectif de talentueuse.

Louise Chevillard

A propos de l'événement


Wo-Man / Point Zéro
du mardi 25 janvier 2022 au samedi 29 janvier 2022
Théâtre de la Ville Les Abbesses
31, Rue des Abbesses 75018 Paris, France

À 20h, et le 27 également à 14h30. Durée : 1h. Tel : ​​01 42 74 22 77.

Également le 10 mars à La Flèche, le 1er avril à Draguignan, du 5 au 7 avril à Annecy.

Toutes les dates : https://amaladianor.com/agenda/


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