Danse - Gros Plan

We were horses

We were horses - Critique sortie Danse


Bartabas le sait : le cheval exerce sur notre regard de spectateur un pouvoir de fascination ; il interpelle mais il envoûte, il attire par la poésie, la grâce, et l’énergie qui s’en dégagent. Une aura qui infuse notre perception depuis des millénaires et quelles que soient les cultures : centaures, Pégase, Cheval de Troie et autres Bucéphale sont des créatures qui peuplent notre imaginaire. Mais cette collaboration inédite avec Carolyn Carlson ne revient pas sur l’animal mythologique et iconique qu’est le cheval. C’est en s’aventurant plus encore sur le terrain de la danse qu’ils ont trouvé la matière de cette expérience. Carolyn, à la tête du Ballet de Roubaix, aux corps rompus aux exigences codifiées de la danse, et Bartabas, fondateur de l’Académie du spectacle équestre, école d’excellence dans la domestication du cheval, jouent ici de l’ambivalence de leurs postures : ensemble, ils réunissent le sauvage et le dompté, la part de liberté qui réside en chacun d’eux et l’exigence d’une écriture née de la discipline. Même si dans chacun des spectacles de Bartabas s’ancre profondément l’idée de la danse, née du mouvement des corps, du déplacement du cheval ou d’une voltige, il se projette aujourd’hui avec l’Académie du spectacle équestre dans la conception d’un corps de ballet, jusqu’à vouloir considérer les écuyers comme de véritables danseurs à cheval. D’où une formation pluridisciplinaire mêlant l’équitation à l’escrime, au chant, à la danse, au Kyudo (arc japonais)… Du propre aveu du maître, « ils pourraient se confronter à un grand chorégraphe et jouer vraiment ensemble le jeu de la création collective ».
 
Poésie visuelle  et énergie libératrice des chevaux
 
Ce projet semble être une étape intermédiaire avant cet « accomplissement ultime de l’académie ». Véritable création à deux têtes, We were horses réunit les bipèdes et les quadrupèdes dans l’expérience d’un corps de ballet mu par une énergie commune. L’enjeu de cette rencontre ? Mettre en scène la force phénoménale qui s’en dégage, plus que des images esthétiques qui relèveraient des relations entre l’homme et l’animal ou de la figure du cavalier à cheval. On reconnaît là la signature de Carolyn Carlson, toujours à la recherche d’une beauté brute, d’une énergie vitale, d’une poésie née d’un élan primitif… Avec l’idée de spirale et de transe, appuyée par la musique de Philip Glass : Music in twelve parts plongera les seize danseurs, les douze écuyers et leurs montures dans le tourbillon minimaliste et répétitif d’une pulsation rythmant leurs évolutions circulaires, entre onirisme planant et libération euphorique. Le spectacle prendra corps dans de beaux écrins, comme la friche industrielle Plastic Omnium pour sa création en mai dans le cadre de Béthune 2011, capitale régionale de la culture, ou le Grand Théâtre Romain de Lyon, avant de rejoindre la sciure du Chapiteau de Fontvieille.
 
Nathalie Yokel

We were horses de Carolyn Carlson et Bartabas, du 7 au 11 juin à 22h au Grand Théâtre Romain de Lyon dans le cadre des Nuits de Fourvière. www.nuitsdefourviere.com. Les 8 et 9 juillet à 20h30, le 10 à 17h au Chapiteau de Fontvieille, dans le cadre du Monaco Dance Forum. www.monacodanceforum.com.

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