Village de cirque, le festival du cirque sous toutes ses formes à Paris

En Île-de-France où les festivals de cirque et les structures dédiés aux arts de la piste sont assez peu nombreux, le Village de cirque a su se rendre incontournable. Chaque année, amateurs et curieux ont bonheur à se retrouver sur la Pelouse de Reuilly, à la lisière du Bois de Vincennes, pour découvrir la sélection réalisée par la Coopérative de Rue et de Cirque (2r2c). Dans l’édito de la 19^ème édition de l’événement, qui se tient du 8 au 24 septembre 2023, Marie Chapoullié, co-directrice de la structure organisatrice, affirme son désir et celui de son équipe de témoigner à travers le Village « d’un monde en mouvement, de laisser libre la piste à celles et ceux qui mettent en corps et en mots ce qui nous traverse ». Avec neuf spectacles, on fait un tour non exhaustif du nouveau cirque, aussi agile lorsqu’il décide d’aborder des sujets de société que lorsqu’il creuse des problématiques plus intimes. Sous chapiteau, en extérieur ou ailleurs, la vie du Village de cirque fait sans cesse écho à celle du dehors. Elle révèle ses déséquilibres et ses joies, et en invente de nouveaux.

Neuf spectacles révélateurs

Comme chaque année, des chapiteaux s’élèvent dans le Village. L’un des deux accueille une création, Le Premier Artifice, la toute première du collectif Le Cirque Queer. Reines et rois y développent une « queerness acrobatique » qui s’inscrit « dans le sillage de la grande tradition des freaks de cirque, transposée dans le champ esthétique et politique du queer ». Dans l’autre chapiteau, celui de la compagnie Cirque Exalté, une tout autre fête a lieu avec le spectacle Foutoir céleste : en l’honneur du Dieu Coyote, elle célèbre la vulnérabilité, elle console. La parole se mêle souvent au geste dans ce Village, dans des formes très intimistes telles que Time to Tell de Martin Palisse et David Gauchard ou Dicklove de Sandrine Juglair. On prend l’air avec des propositions gratuites en extérieur. Pierre-Jean Bréaud et Guillaume Sandon de la Cie Le doux supplice nous livrent par exemple leur manifeste acrobatique et poétique dans La Concordance des temps. Anna Martinelli et Marius Fouilland de la toute jeune compagnie L’inéluctable racontent leur histoire en se tressant les cheveux l’un à l’autre… Au Village, tous les moyens sont permis pour créer du lien.

Anaïs Heluin