Avignon - Entretien / Christophe Perton

Une Vitalité désespérée

Une Vitalité désespérée - Critique sortie Avignon / 2016 Avignon Avignon Off. Présence Pasteur


Présence Pasteur / de Pier Paolo Pasolini / mes Christophe Perton

Quelle est la genèse de ce projet ?

Christophe Perton : En 2014, j’ai travaillé avec des élèves de l’ENSAD à Montpellier. J’avais déjà monté des textes de Pasolini avec les spectacles Porcherie et Une vie violente. L’idée était d’immerger ces jeunes gens dans l’écriture protéiforme de Pasolini pendant un an. De cette immersion est né un spectacle présenté au Printemps des comédiens. C’était inouï de voir comment s’opérait cette rencontre entre leur jeunesse, leur désir de conscience politique et la caisse de résonance Pasolini.

Est-ce une reprise de ce spectacle ?

C.P. : Pas exactement. Nous avons joué ce spectacle au Festival des Ecoles à l’Aquarium et beaucoup de professionnels étaient intéressés. Mais c’était compliqué de le reprendre avec l’emploi du temps des élèves. J’ai donc choisi huit nouveaux comédiens, qui ont tous entre 25 et 30 ans et viennent d’horizons différents, dans tous les sens du terme. A Avignon, j’ai maintenant envie que ce spectacle rencontre le public.

De quels textes de Pasolini est-il composé ?

C.P. : C’est un ensemble de textes protéiformes qui tournent autour de la question de la norme et du scandale. Pasolini avait le goût et le désir de scandaliser. Ses prises de position allaient souvent à contre-courant de celles de ses amis politiques. On peut se souvenir par exemple qu’il était contre l’avortement. Qu’en 68, il clamait « je suis du côté des flics parce que ce sont des fils de pauvres, et vous, vous êtes des fils de riches ». Ou encore qu’il critiquait les jeunes en jeans et cheveux longs pour leur anticonformisme uniformisé.

« C’était inouï de voir comment s’opérait cette rencontre entre leur jeunesse, leur désir de conscience politique et la caisse de résonance Pasolini. »

Etait-ce par simple goût de la polémique ?

C.P. : Par goût de la polémique certainement. Mais aussi parce que c’était un visionnaire. Il s’est par exemple opposé à Moravia et aux communistes sur la question de l’école obligatoire pour tous, parce qu’il pressentait qu’elle serait productrice d’inégalité. Bien sûr, on ne peut pas être d’accord avec Pasolini sur tout. Mais il disait d’un intellectuel qu’il devait être soit très en avance sur son temps, soit très en retard.

Comment mettrez-vous ces écrits en scène ?

C.P. : L’espace sera vide et nu. Il s’agit de travailler sur le rapport à l’image et au corps. Le spectacle sera très en mouvement, très physique. Entreront en interaction des extraits de films et d’interviews de Pasolini et des scènes qui seront elles-mêmes filmées et projetées en direct. J’ai choisi un certain nombre d’acteurs issus de l’Atelier 1er acte fondé par Stéphane Braunschweig et Stanislas Nordey (ndlr, atelier destiné à des « apprentis-acteurs ayant fait l’expérience de la discrimination »). J’ai demandé à ces jeunes gens de penser à ces moments où ils avaient pu souffrir d’être vus comme s’écartant de la norme. Et pour le reste, si je m’en réfère à la première version de ce spectacle, leur jeunesse devrait apporter au spectacle une énergie à la fois vitale et désespérée.

 

Propos recueillis par Eric Demey

A propos de l'événement


Une Vitalité désespérée
du jeudi 7 juillet 2016 au vendredi 29 juillet 2016
Avignon Off. Présence Pasteur
13 Rue Pont Trouca, 84000 Avignon, France

à 16h, relâche les 11 et 18. Tel : 04 32 74 18 54


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