« Ce qui nous a le plus frappés dans ses textes, c’est sa posture par rapport à la terreur. La haine ne me concerne pas, dit Etty, je ne veux pas y entrer, j’aime les hommes et la vie, personne ne peut m’enlever ça, et je ne veux pas qu’on me l’enlève. Cette posture-là est une posture philosophique sur la liberté dans les contraintes les plus extrêmes. Comment travailler à rester un homme joyeux, libre, aimant les autres, à l’intérieur d’un système totalitaire ? Comme rester un être libre et aimant, et libre parce qu’aimant ? Pour porter le texte à la scène, nous avons exploré l’idée de performance, qui nous a permis d’éviter la narration, l’incarnation et l’identification. Il y a évidemment incarnation, puisqu’il y a engagement dans le jeu et dans la parole, mais Roxane ne dit pas « je suis Etty Hillesum ». C’est depuis elle-même qu’elle se saisit de la parole d’Etty. Voilà qui est simple à dire, mais pas à faire !
Etty l’insoumise
Nous avons beaucoup travaillé avec le chorégraphe Mitia Fedotenko en nous imposant des défis pour dépasser la fonction de l’acteur. Le spectacle se termine par la lecture de la dernière lettre d’Etty : elle s’arrête avec le décompte du temps. Cette fin est aléatoire : comme la vie d’Etty s’est arrêtée non dans son temps à elle, mais dans un temps qui lui a été imposé. C’est un spectacle très percutant, presque un coup de poing. C’est un voyage à l’intérieur d’une âme qui bouge parce qu’elle est bousculée par l’Histoire, un voyage dans le temps et l’esprit. Pour finir, je veux insister sur cette figure atypique de résistance. Etty n’est ni dans la plainte ni dans la violence. Sa résistance, plus philosophique, est tout aussi riche. Todorov l’appelle « l’insoumise ». L’insoumission est la meilleure définition de sa posture. »
Propos recueillis pr Catherine Robert
à 17h45. Relâche le lundi. Tél : 04 32 74 18 54.
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