Théâtre - Critique

Une Maison de poupée et Hedda Gabler

Une Maison de poupée et Hedda Gabler - Critique sortie Théâtre


El Desarrollo de la civilización venidera (Le développement de la civilisation à venir). Todos los grandes gobiernos han evitado el teatro intimo (Tous les grands gouvernements ont évité le théâtre intime). Voici les titres des deux spectacles de Daniel Veronese. Des titres qui viennent respectivement se substituer à deux autres : Une Maison de poupée et Hedda Gabler, pièces que le metteur en scène argentin a investies, réalisant à partir d’elles un exercice de réécriture. Poursuivant le travail qu’il a initié, en 2005, avec l’œuvre d’Anton Tchekhov (il s’est emparé des Trois sœurs, puis d’Oncle Vania), Daniel Veronese réinvente aujourd’hui l’œuvre de Henrik Ibsen et signe un diptyque composé de deux représentations jumelles. Des fausses jumelles, aux caractéristiques à la fois semblables et distinctes, assimilables et complémentaires. Même décor, même esthétique, même auteur, même metteur en scène, même adaptateur… Et pourtant, malgré leurs ressemblances, ces deux échos contemporains aux pièces du dramaturge norvégien dévoilent des âmes différentes. L’une (El Desarrollo de la civilización venidera) est plus flamboyante, plus anguleuse, plus terrienne, d’une façon plus directement fidèle à son œuvre d’origine. L’autre (Todos los grandes gobiernos han evitado el teatro intimo) se révèle plus sombre, plus sourde, plus aérienne, plus elliptique.                                                                                  
                                                                                                               
Créer du vrai et du vivant
 
Comme si Daniel Veronese avait observé Une Maison de poupée de face et Hedda Gabler de profil, variant ainsi les points d’appui de ses deux créations. Le résultat de cette double perspective est enthousiasmant. Comme il l’explique, le metteur en scène cherche des formes et des sentiments qui peuvent porter le texte jusqu’à ce qu’il appelle sa « sphère personnelle et quotidienne ». « [C’est] un procédé qui apparaît avec la nécessité de trouver la vérité dans chaque phrase, chaque mot ou situation », déclare-t-il. En effet. S’il existe un terme susceptible d’être associé, de façon évidente, au théâtre de Daniel Veronese, c’est bien celui de « vérité ». On pourrait également lui appliquer celui de « vie ». Car l’Argentin possède la capacité étonnante de créer du vrai et du vivant sur scène. Centrant son travail sur la direction d’acteurs, il réinvente des situations de tous les jours, situations contemporaines au travers desquelles ses interprètes parviennent à révéler des individualités d’une force parfois stupéfiante, à tisser des relations d’une intensité, d’une fluidité, d’une justesse rares. Ces individualités et ces relations – lointaines résonances des motifs élaborés, dans un autre temps, par Henrik Ibsen – parlent d’aujourd’hui : du couple, de l’humain, de la crise économique, de la place de la femme dans la société… Vous l’aurez compris, il ne faut pas manquer ces deux propositions artistiques ambitieuses. Des propositions qui élèvent notre regard jusqu’à un point de vue panoramique sur notre époque, mais aussi sur le théâtre d’Ibsen.
 
Manuel Piolat Soleymat        

El Desarrollo de la civilización venidera, d’après Une Maison de poupée de Henrik Ibsen (spectacle en espagnol surtitré, durée : 1h15), adaptation, mise en scène et scénographie de Daniel Veronese. Le 11 mars à 21h00. Todos los grandes gobiernos han evitado el teatro intimo, d’après Hedda Gabler de Henrik Ibsen (spectacle en espagnol surtitré ; durée : 1h15) ; adaptation, mise en scène et scénographie de Daniel Veronese. Intégrale le 12 mars à 20h30 à l’Onde, espace culturel, à Vélizy-Villacoublay. Tél :  01 34 58 03 35. Site : www.londe.fr

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