Un Américain à Paris

Qui n’a pas en tête les thèmes à la fois festifs et langoureux du « poème symphonique » de Gershwin ? Qui n’a pas gardé en mémoire le somptueux duo de Gene Kelly et Leslie Caron dans le film qui porte le même titre ? Il est curieux de penser qu’une oeuvre aussi marquante n’a jamais existé sur scène. De fait, contrairement à bien d’autres succès musicaux portés à l’écran par Hollywood, Un Américain à Paris n’est pas tiré d’une comédie musicale de Broadway. Il s’agit d’abord d’une oeuvre symphonique, composée par Gershwin lors de son séjour à Paris, souhaitant traduire « les impressions d’un visiteur américain à Paris lorsqu’il arpente la ville, écoute les différents bruits de la rue, s’imprègne de l’atmosphère française« … Aux instruments classiques, Gershwin ajoute des saxophones et des klaxons, qui colorent cette oeuvre fluide et pleine d’humour. Vingt-deux ans pus tard, à partir de cette musique, Minnelli réalise le film qui lui vaudra six oscars.

Paris réinventé

Aujourd’hui, Christopher Wheeldon reprend le flambeau. Le chorégraphe en résidence au New York City Ballet est connu depuis le début des années 2000 pour ses créations qui remettent en jeu les codes du ballet classique, avec une énergie qui ne se dément jamais. Les danseurs Robert Fairchild et Leanne Cope prendront en charge les rôles de Jerry, vétéran de la seconde guerre mondiale, et de Lise, la jeune vendeuse dont Jerry tombe amoureux. Deux rôles à la fois intensément chorégraphiques et théâtraux : dans Un Américain à Paris, c’est la danse qui transporte les personnages et qui dénoue les situations inextricables. Loin d’être un divertissement, elle appose sa marque – celle de l’élan, de l’humour et des rythmes endiablés – à l’évocation d’un Paris qui se veut à la fois nostalgique et profondément actuel. L’occasion de réinventer la capitale, à travers le dynamisme d’une compagnie américaine virtuose et de ses grands interprètes.

Marie Chavanieux