Thomas Ostermeier met en scène Vernon Subutex 1 d’après Virginie Despentes

« Assis à hauteur des sacs et des chaussures, Vernon doit lever la tête pour regarder les visages. Il est soûlé de voir défiler des culs. Ça se dandine sans pause, sur son bout de trottoir. Avant, il faisait attention à regarder les SDF dans les yeux, en passant, pour dire je te vois tu es là je te calcule. Ce qu’il ignorait, c’est qu’une fois au sol on s’en contretape que les passants vous regardent… » Sur le plateau du Théâtre national de l’Odéon, onze comédiennes et comédiens de la troupe de la Schaubühne, accompagnés de quatre musiciennes et musiciens, ainsi que d’un acteur apparaissant en vidéo, investissent le premier des trois tomes de Vernon Subutex. Mise en scène par Thomas Ostermeier, cette adaptation théâtrale de l’œuvre de Virginie Despentes a pour projet d’entrelacer les récits des personnages excentriques qui composent ce roman pour former « une fresque vertigineuse, satire grinçante des égoïsmes de l’époque ».

La descente aux enfers d’un ancien disquaire

Vernon Subutex est le nom d’un disquaire qui, à l’heure du numérique et des nouveaux supports musicaux, se voit dans l’obligation de fermer son magasin, l’un des hauts lieux de la scène rock parisienne. Car après la mort par overdose d’Alexandre Bleach, chanteur célèbre et ami qui payait jusque-là son loyer, Vernon n’a d’autre solution que de mettre la clef sous la porte. Le voilà à la rue, sans savoir qu’il détient le testament vidéo de la star disparue, enregistrement qui va devenir un objet de convoitise. Un scénariste aigri, un ancien punk néo-réac, un musulman libéral dont la fille s’est radicalisée, une ex-star du porno féministe, une trans brésilienne, un macho de banlieue… La descente aux enfers de Vernon Subutex éclaire une société interlope et bigarrée : à la croisée des générations, des classes sociales, des idéologies politiques et des identités de genre.

Manuel Piolat Soleymat