PIERRE DE BETHMANN
Le pianiste français en formation resserrée [...]
Jazz / Musiques - Gros Plan / Jazz
Le brillant trio de ce jeune pianiste béni des dieux, composé de Chris Jennings à la contrebasse et Nicolas Charlier à la batterie, signe un nouvel album – « Fireflies » (chez Label Bleu) -, et répond à l’invitation du Duc des Lombards.
« Tout a commencé du côté de ma mère, il y a sept générations je crois, le jour où un illuminé s’est dit qu’il voulait que tous ses enfants fassent de la musique » raconte-t-il en riant. Pourtant, le jeune pianiste affirme n’avoir jamais vécu ça comme une corvée : « travailler la musique, c’était comme se brosser les dents ». L’histoire pourrait être celle de n’importe quelle famille de mélomanes si Thomas Enhco n’était pas le petit-fils du chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus, le fils de la chanteuse lyrique Caroline Casadesus, avec à l’époque pour beau-père le violoniste Didier Lockwood. Du coup, le garçon a très vite été plongé dans le grand bain des concerts et des concours : à 14 ans, il compose son premier album, puis intègre le CNSM deux ans plus tard et remporte le Django d’Or du nouveau talent à 22 balais. Aujourd’hui âgé de 24 ans, Thomas Enhco n’est pas mécontent d’avoir dépassé la case « jeune virtuose » : l’attention se focalise enfin plus sur son art que sur son âge.
Des mélodies qui se retiennent
Pourtant il considère avoir quand même eu de la chance de commencer si tôt (« ça m’a permis d’accumuler les expériences »). Ce « boulimique de travail » sort ces jours-ci son troisième disque, « Fireflies », qu’il définit volontiers comme un album « intime » et « sincère ». Il faut dire que le pianiste a pour la première fois pensé et produit lui-même un album de A à Z. Grisé par cette liberté, Thomas Enhco dit avoir envisagé « Fireflies » comme on « élabore un livre » : « j’ai voulu évoquer des mondes imaginaires et faire quelque chose de cohérent d’une pièce à l’autre. » Ses deux obsessions ? Tisser des mélodies qui se retiennent et raconter des histoires qui se tiennent. Normal donc que l’univers de « Fireflies » évoque à la fois Brad Mehldau, Schumann et les dessins animés japonais. Des références que le jeune homme assume à 100% : « j’ai toujours adoré les grands classiques de Miyazaki, c’est extrêmement onirique, très poétique et, en même temps, ce n’est pas mièvre. » Et le Pays du Soleil Levant est un endroit qui lui est cher. Il y a quelques semaines, son producteur nippon lui a organisé une session avec les légendes du jazz John Patitucci et Jack DeJohnette. On n’a pas fini d’entendre parler de Thomas Enhco.
M. Durand
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