The Normal Heart de Larry Kramer, mise en scène Virginie de Clausade

« The Normal Heart est, je crois, une œuvre à la valeur testimoniale importante. Car tout un pan de la jeunesse d’aujourd’hui pense que le sida est une vieille maladie, comme la peste ou le choléra, ce qui représente un constat d’échec terrible pour les politiques de santé publique mises en place ces dernières décennies. Dans ce texte qui nous parle de la nécessité de l’engagement, Larry Kramer témoigne au présent de ce qui s’est passé au début des années 1980. Tout cela résonne de façon très forte avec notre époque, qui a besoin de citoyens qui s’engagent. The Normal Heart commence en 1981 et se termine en 1984. On fait la connaissance d’un groupe d’hommes vivant à New York qui fondent la toute première association vouée à s’occuper de ça. Je dis « ça » parce qu’à l’époque le sida n’a pas encore de nom. On sait qu’il y a un virus, mais les pouvoirs publics ne réagissent pas, pensant que cette maladie ne concerne que les homosexuels.

De la colère et du bruit

Cette association a pour vocation de s’occuper des malades, d’informer les médecins… Petit à petit, divers courants s’affrontent quant à la façon d’éveiller les consciences. Larry Kramer fait partie de ceux qui croient à la vertu de la colère et du bruit. The Normal Heart ne tranche pas entre ces différentes visions du monde. C’est l’histoire qui va finalement donner raison à Larry Kramer. Dès 1981, il dit que s’il s’agit d’une maladie sexuellement transmissible, une hécatombe va avoir lieu. Pour agir, il puise sa force dans la colère. Dans le même temps, il affirme que c’est l’amour qui sauvera le monde. Après avoir traduit et adapté ce texte, j’ai souhaité, pour retrouver toute sa puissance, le mettre en scène en créant un spectacle dépouillé, un spectacle centré sur l’incarnation et l’adresse des comédiens. »

Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat