Terreur de Ferdinand von Schirach, mise en scène Michel Burstin, Bruno Rochette et Sylvie Rolland

La Terreur de la Compagnie Hercub’ n’attend pas notre entrée en salle pour nous saisir. Dans le rôle de président du tribunal, Michel Burstin, cofondateur de la compagnie avec les comédiens Bruno Rochette et Sylvie Rolland qui co-signent avec lui la mise en scène du spectacle, vient interrompre devant les portes du théâtre nos bavardages d’avant-représentation. À la façon d’un capitaine de navire à l’aube d’une grande traversée, il nous expose les règles de la séance à venir : « Avant de commencer, je voudrais vous demander d’oublier tout ce que vous avez lu ou entendu concernant cette affaire. Vous êtes les jurés qui, aujourd’hui devant ce Tribunal, sont appelés à juger l’affaire Laura Koch ». Des paroles qui résonnent comme une mise en garde : la pièce de l’Allemand Ferdinand von Schirach n’est pas de tout repos pour son spectateur. Elle exige de lui une disposition à la réflexion éthique, un engagement intellectuel et citoyen.

Une pilote dans la cour 

Le procès-fiction de Terreur, qui s’est déjà joué dans 27 pays, est inspiré d’un fait réel. Dans Terreur, le 26 mai 2013, le commandant Koch, pilote de chasse de l’armée allemande, abat un avion de ligne détourné par un terroriste islamiste. 164 personnes sont à bord, tandis que 70 000 autres sont rassemblées pour un match dans le stade de football de Munich. Malgré l’ordre de ne pas tirer qu’il reçoit de son supérieur, estimant juste de sacrifier une centaine de personnes pour en sauver des milliers, le commandant décide d’abattre l’avion. Doit-il être pour cela acquitté ? Condamné ? Telle est la question à laquelle devra répondre le spectateur à l’issue d’un procès très réaliste, dont le protagoniste principal a été transformé par la compagnie Hercub’. C’est ainsi non pas un Lars, mais une Laura Koch dont nous sommes appelés à juger les actes. Cela aura-t-il une influence sur notre jugement ? Notre verdict le dira.

Anaïs Heluin