Tempest Project de Jean-Claude Carrière, adaptation et mise en scène Peter Brook et Marie-Hélène Estienne

Œuvre merveilleuse et mystérieuse, La Tempête fascine depuis toujours les metteurs en scène, auxquels elle impose plusieurs défis de taille – sa dimension surnaturelle d’abord, ainsi que le caractère si énigmatique et complexe de Prospero, ou encore les illusions et manipulations orchestrées certes par l’art de la magie mais aussi par les aléas de la vie, qui sans cesse obligent au changement. Peter Brook décrit magnifiquement le cheminement initiatique du Duc magicien. « Pour Prospero, la liberté n’a pas de définition. Il la cherche pendant toute la pièce. » remarque-t-il.  Trahi par son frère aidé du Roi de Naples, il se trouve exilé pendant des années avec sa fille sur une île inconnue, en compagnie de l’esprit de l’air Ariel et de Caliban, qu’il a asservis. D’abord dévoré par son désir de vengeance, qui le conduit à mettre en œuvre un naufrage faisant accoster ses ennemis sur les rives de l’île, il finit grâce à l’union de sa fille et du fils du Roi de Naples par s’ouvrir au monde, se délivrer de l’enfermement qui le tenaille et renoncer à sa revanche. Ouvert au monde, le maître Peter Brook l’est assurément, et son théâtre si magique porte haut la riche diversité de ses cultures et traditions. Au-delà des visions exclusivement rationalistes, politiques ou historiques, Peter Brook et Marie Hélène Estienne choisissent le déconfinement des esprits, la métaphysique, autour du thème majeur de la liberté. Avec les comédiens Sylvain Levitte, Paula Luna, Marcello Magni, Fabio Maniglio, Luca Maniglio et Ery Nzaramba, dans la traduction de Jean-Claude Carrière, figure tutélaire du Printemps des Comédiens disparu en février 2021.

Agnès Santi