Danse - Entretien Alain Platel

Tauberbach

Tauberbach - Critique sortie Danse Paris Théâtre national de Chaillot


Théâtre National de Chaillot / conception et mes Alain Platel

« Un travail qui nous oblige à penser différemment. »

Quels sont les éléments qui ont précédé ce nouveau projet ? Est-ce la rencontre avec l’actrice Elsie de Brauw du NTGent  ?

Alain Platel : Je suis le travail d’Elsie depuis un moment ; j’aime sa ressemblance avec Gena Rowlands dans sa façon de jouer sur scène. Quand elle m’a demandé si on pouvait travailler ensemble, j’ai été très surpris et très honoré et c’est à ce moment-là qu’ont débuté nos échanges. Mais c’est pendant le processus, jour après jour, que l’on va se découvrir. Elsie s’intéresse beaucoup à l’expérimentation d’une forme de théâtre physique, et je sais que les danseurs avec qui je travaille n’ont pas peur des éléments théâtraux dans leur danse. Pour ce projet, nous avons deux points de départ dont je ne sais pas encore s’ils vont rester au fil des répétitions : le film documentaire de Marcos Prado, Estamira, et la musique Tauber Bach, réalisée par Artur Zmijewski.

Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce film documentaire ?

A. P. : Ce n’est pas un simple documentaire sur une femme qui vit dans une décharge au Brésil. Il m’a surpris car on y parle surtout de sa vision du monde, qui est unique et originale. J’ai été très touché par sa façon de garder une certaine dignité dans une situation complètement indigne. Ce thème nous intéresse, même si on ne va pas le garder littéralement dans la pièce.

Quelle est cette musique, et comment envisagez-vous le travail avec la danse ?

A. P. : « Tauber » veut dire sourd en allemand. Il s’agit de la musique de Bach jouée par un orchestre, mais chantée par des sourds. C’est un son difficile à écouter, étrange, voire choquant quand on l’entend pour la première fois. Cette musique me touche et m’émeut, et j’y ai découvert petit à petit une beauté extraordinaire. Quand on l’écoute, on entend presque comme des hurlements d’animaux. On pourrait associer une danse à ces cris, c’est-à-dire une danse « tordue », mais j’ai demandé aux danseurs de développer des mouvements qui contrastent avec cette musique, en travaillant sur la beauté. Ce n’est pas évident pour eux, car cela fait des années que l’on développe un certain langage physique, et maintenant je leur demande de retourner vers leurs propres sources, par exemple le classique. C’est très excitant de commencer ce travail, cela nous oblige à penser différemment.

A propos de l'événement


Tauberbach
du vendredi 24 janvier 2014 au samedi 1 février 2014
Théâtre national de Chaillot
1 place du Trocadéro, 75016 Paris
Du 24 janvier au 1er février à 20h30 sauf dimanche à 15h30, relâche lundi. Tél : 01 53 65 30 00.

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