Tartuffe et Dom Juan

« L’hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus. Le personnage d’homme de bien est le meilleur de tous les personnages qu’on puisse jouer aujourd’hui, et la profession d’hypocrite a de merveilleux avantages », dit Dom Juan à Sganarelle au début du dernier acte d’une pièce où l’hypocrite finit en Enfer. Jolie idée que de le ressusciter en Tartuffe, comme s’il avait réchappé aux flammes de la punition pour continuer ses œuvres chez Orgon… Le diptyque imaginé par la compagnie Astrov avec Dom Juan et Le Tartuffe se joue « dans le même espace et le même dénuement ». La recherche esthétique qui guide cette compagnie vise, selon ses dires, à « trouver la distance juste » avec l’œuvre. La scène est un ring et le texte de Molière est « abordé comme une partition traversée avec liberté, iconoclasme et guitares ». Complices et voyeurs de l’aveuglement des victimes de Dom Juan et de celles de Tartuffe, les spectateurs participent au plaisir du jeu de dupes de ces deux pièces, et le public devient « espace de théâtre, témoin discret et acteur de ce qui se dit ».

Catherine Robert