Classique / Opéra - Entretien Julien Chauvin

Tailleur de pierres précieuses

Tailleur de pierres précieuses - Critique sortie Classique / Opéra Paris Théâtre des Bouffes du Nord


MUSIQUE FRANCAISE / OPERA / THEATRE DES BOUFFES DU NORD

Comment avez-vous rencontré cet ouvrage méconnu et au destin malheureux qu’est Le Saphir, inspiré de la pièce de Shakespeare Tout est bien qui finit bien ?

Julien Chauvin : La découverte du Saphir fait suite au travail mené sur les quatuors de Félicien David, que nous avons enregistrés avec le quatuor Cambini en 2011. Ces pièces nous avaient alors touchés au plus haut point, et la redécouverte de son dernier opéra comique en est donc une suite logique. La lecture du Saphir, que m’a présenté Alexandre Dratwicki, musicologue et directeur artistique du Palazzetto Bru Zane, m’a enthousiasmé dès le début par la richesse et la variété du matériau musical. Pas un ensemble ni un air ne ressemble à un autre, les combinaisons vocales les plus diverses sont employées (de l’air au sextuor) et l’œuvre ne souffre d’aucune redite ou d’affaissement de la tension. C’est là une de ses plus grandes qualités. Et on retrouve à chaque mesure le style propre de David, à savoir une richesse harmonique ponctuée régulièrement de délicieuses modulations, ainsi qu’une aisance et je dirais même un certain génie mélodique, qui nous engage à siffloter les mélodies du Saphir, tel un air connu de Mozart.

« On retrouve à chaque mesure le style propre de David, à savoir un certain génie mélodique. »

Vous présentez l’ouvrage en version de concert dans une transcription et adaptation pour neuf instrumentistes et six chanteurs.

J. C. : Pour que le public puisse goûter à une telle œuvre, la partition se devait d’être ressortie des étagères de la Bibliothèque Nationale. Et c’est là que l’aventure de l’instrumentation commence puisqu’il ne reste de la partition qu’une version chant/piano. Alexandre et Benoît Dratwicki ont travaillé sur Le Saphir plus d’un an, afin de l’instrumenter pour quintette à cordes, flûte, clarinette, hautbois et basson.

Ce « reformatage » de l’ouvrage influence votre approche de cette musique et modifie le rapport voix-orchestre.  Quelle direction de travail avez-vous donnée aux chanteurs? 

J. C. : Nous avons par le passé déjà expérimenté le rapport particulier d’un groupe instrumental face à un casting de chanteurs (avec Atys de Piccinni) et nous retrouvons avec ce projet romantique les mêmes avantages de ce genre de version : une compréhension plus naturelle du texte (et, pour Le Saphir, des textes parlés) qui nous rapproche du théâtre, un équilibre sonore idéal entre le chant et les instruments et une flexibilité entre les différents acteurs, évoquant la musique de chambre. Nous sommes ainsi dans une sorte d’écrin musical idéal, où chacun peut s’exprimer de manière naturelle afin de servir cette merveilleuse musique. Enfin, même si nous donnons Le Saphir dans une version de concert, et non mise en scène, nous avons travaillé avec les chanteurs dans une optique plus théâtrale que concertante. Ainsi, les six chanteurs ont fini par « oublier leurs voix » pour jouer et s’imprégner de leur personnage, et pour donner à l’auditeur l’illusion d’une action continue.

 

Propos recueillis par Jean Lukas.

A propos de l'événement


Julien Chauvin
du jeudi 19 juin 2014 au jeudi 19 juin 2014
Théâtre des Bouffes du Nord
37 bis Boulevard de la Chapelle, 75010 Paris, France

Jeudi 19 juin à 20h30. Tél. 01 46 07 34 50. Places : 16 et 24 €. Avec les Solistes du Cercle de l'Harmonie et les chanteurs Cyrille Dubois, Katia Velletaz, Marie Lenormand, Gabrielle Philiponet, Marie Kalinine et Julien Véronèse.


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