Théâtre - Entretien

Sylvie Mongin-Algan

Sylvie Mongin-Algan - Critique sortie Théâtre


A peine achevée la quatrième étape de création du Polyptyque Escalante, vous en reprenez le 1er volet, Moi aussi je veux un prophète(2). Pouvez-vous revenir sur l’intérêt que vous portez au théâtre de l’auteure mexicaine Ximena Escalante ?

Sylvie Mongin-Algan : D’une certaine façon, le cheminement de Ximena Escalante en tant qu’auteure a de nombreux points communs avec mon propre cheminement de metteure en scène. Ximena Escalante puise à la fois son inspiration dans les grandes figures de l’histoire du théâtre, dans l’imaginaire collectif qui s’est construit autour de ces personnages, et dans les mouvements qui secouent et traversent le monde d’aujourd’hui. Mon travail au sein du collectif Les Trois-Huit (ndlr, collectif missionné, en 2003, pour diriger le NTH8) s’inscrit également autour de ces deux axes. Je souhaite m’aventurer dans l’écriture et la création contemporaine, tout en nourrissant mon univers de ce qui m’a précédée, ce qui a traversé les siècles et fondé la metteure en scène que je suis.

Les quatre pièces de Ximena Escalante que vous avez mises en scène explorent les thèmes de l’amour, du rêve, des rapports mère/fille… La création de ce polyptyque vise-t-elle à éclairer ces points de convergence ?

S. M-A. : Non, pas du tout. Chacun de ces quatre spectacles aurait été le même si les autres n’avaient pas existé. Mais je n’ai pas eu envie de me priver de l’une de ces pièces. Ximena Escalante étant une auteure pratiquement inconnue dans notre pays, il m’a semblé intéressant de présenter plusieurs de ses œuvres au public français. Ce que je trouve d’ailleurs passionnant, c’est qu’au-delà de leurs convergences thématiques, chacune de ces pièces interroge la représentation de façon différente. Plutôt que de les faire se rejoindre, j’ai essayé au maximum de faire ressortir leurs divergences, notamment du point de vue de leur forme, des portes spécifiques que chacune d’entre elles ouvre sur le théâtre. 

« Pour nous, le théâtre est un voyage au long cours à travers lequel des rêves individuels deviennent des rêves collectifs. »

En quoi le Polyptyque Escalante fait-il écho aux engagements artistiques du NTH8 et du collectif Les Trois-Huit ?

S. M-A. : Nous concevons le NTH8 comme un vivier de création, une histoire en mouvement, un lieu où l’on vient s’égarer, se rencontrer, expérimenter, questionner, affirmer… Pour nous, le théâtre est vraiment un chemin, un voyage au long cours à travers lequel des rêves individuels deviennent des rêves collectifs : des rêves partagés avec le reste de l’équipe artistique, puis avec les spectateurs. Nous croyons à un théâtre comme « poétique de la relation ». La durée est très importante pour nous. Le projet que nous portons à la direction du NTH8 ne vise donc pas à faire se succéder des productions ponctuelles, mais à remettre constamment en mouvement notre imaginaire, nos créations, à toujours rester dans la vie. Le Polyptyque Escalante est, à ce titre, une occasion de donner à entendre une nouvelle voix d’auteure à travers plusieurs spectacles, qui seront réinvestis durant plusieurs saisons.

Qui sont les « comédiens compagnons » qui, du 17 mars au 7 avril, présentent le Forum du compagnonnage ?

S. M-A. : Ce sont neuf jeunes acteurs et actrices qui, après un premier cursus, ont choisi de suivre un dispositif d’emploi et de formation en alternance (dans le cadre d’un contrat de professionnalisation à temps complet avec le GEIQ théâtre(3)) plutôt que d’effectuer une école supérieure de théâtre. Durant deux ans, les neuf « comédiens compagnons » actuellement associés aux Trois-Huit ont ainsi pris part à la vie artistique de notre collectif. A l’occasion de la fin de leur parcours avec nous, ces jeunes artistes donnent rendez-vous aux spectateurs du NTH8 pour leur livrer, durant trois semaines, le fruit de leurs expériences, de leurs envies, à travers treize propositions singulières et personnelles. Il ne s’agit pas de présenter des maquettes de spectacles à des programmateurs. Ce Forum est vraiment une invitation lancée au public. Une invitation à venir partager les univers artistiques de ces jeunes comédiens.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat          


(1) La Terrasse n°185, février 2011.

(2) La Terrasse n°187, avril 2011.

(3) Groupement d’Employeurs pour l’Insertion et la Qualification : plus d’information sur www.compagnonnage-theatre.org

Moi aussi je veux un prophète, de Ximena Escalante (traduit du mexicain par Philippe Eustachon, texte édité aux Editions Le Miroir qui fume) ; mise en scène de Sylvie Mongin-Algan. Du 28 février au 2 mars 2012 à 20h, le 3 mars à 17h.

Forum du compagnonnage, du 17 mars au 7 avril 2012.

NTH8 / Nouveau Théâtre du 8e, 22, rue du Cdt-Pégout, 69008 Lyon. Tél : 04 78 78 33 30. Détail de la programmation du mois de mars sur www.nth8.com.

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Lyon


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