Classique / Opéra - Gros Plan

STREET SCENE

STREET SCENE - Critique sortie Classique / Opéra Paris Théâtre du Châtelet


OPÉRA / THÉÂTRE DU CHÂTELET

Souvent à l’affiche, les œuvres scéniques que Kurt Weill composa avec Bertolt Brecht (notamment L’Opéra de quat’sous, Mahagonny ou Les Sept Péchés capitaux) occultent le reste de la production du compositeur qui – comme Brecht – s’exila aux Etats-Unis devant la montée du nazisme. C’est dommage car tous ses ouvrages américains, destinés le plus souvent aux scènes de Broadway, demeurent captivants et poursuivent l’œuvre de critique sociale entamée de l’autre côté de l’Atlantique. Street Scene (1947), sur un livret d’Elmer Rice, dépasse le strict cadre de la comédie musicale. C’est un peu une œuvre-manifeste de ce que le compositeur envisageait comme « opéra américain », à la fois empli de chants et danses populaires et pétri d’influences européennes. Pour Tim Murray, qui dirige cette production que Jean-Luc Choplin, directeur du Théâtre du Châtelet, a fait venir du Young Vic Theatre de Londres, « la richesse des styles et des genres musicaux qu’utilise Kurt Weill est passionnante car elle permet de refléter la diversité de la vie de la rue ».

La réalité sous le rêve américain

L’œuvre, pourtant, n’a rien d’un patchwork, tant le compositeur s’est ingénié à entremêler les influences, même si, de scène en scène apparaissent des colorations variées. Le metteur en scène John Fulljames souligne le talent hors pair de Kurt Weill, qui « sait admirablement mettre les textes en musique et comprend parfaitement comment utiliser les voix pour exprimer les affects », et voit dans Street Scene une volonté de débusquer la « réalité qui sous-tend le rêve ». C’est ici d’un rêve américain déjà abîmé qu’il s’agit, dans cette communauté du Lower East Side new-yorkais, qui se transforme au gré de l’arrivée des vagues de migrants successifs. On y suit la vie quotidienne : les commérages, les petites intrigues, les joies parfois, fugaces, les naissances, mais aussi la mort qui rôde. L’opéra emprunte sans détour les chemins de la vie des hommes. Dans la fosse, on retrouve l’Orchestre Pasdeloup qui depuis sa prestation parfaite dans The Sound of Music de Rodgers et Hammerstein s’est pris de passion pour le répertoire de la comédie musicale américaine – dans ses différents styles – que présente chaque saison le Théâtre du Châtelet. Il n’est pas si courant de voir et entendre un orchestre symphonique swinguer à ce point. Nul doute que, mené par Tim Murray, il saura relever le défi de Street Scene. Et puisqu’il n’y a qu’un pas des bas-fonds de New York à ceux de Soho, il suffira de descendre la Seine pour écouter, le 28 février au Théâtre des Champs-Élysées, L’Opéra de quat’sous, dans une version de concert elle aussi venue de Londres, dirigée par Vladimir Jurowski à la tête du London Philharmonic Orchestra. Enfin, notons qu’Opéra éclaté a lancé à l’automne dernier une nouvelle production de Lost in the Stars, dernier opéra écrit par Kurt Weill, actuellement en tournée (à Dijon les 7 et 8 février). À suivre…

 

Jean-Guillaume Lebrun

A propos de l'événement


STREET SCENE
du vendredi 25 janvier 2013 au jeudi 28 février 2013
Théâtre du Châtelet
1 Place du Châtelet, 75001 Paris
Les 25, 29 et 31 janvier à 20h, dimanche 27 janvier à 16h. Tél. : 01 40 28 28 40. Places : 10 à 80 €.

Théâtre des Champs-Élysées, 15 avenue Montaigne, 75008 Paris. Jeudi 28 février à 20h. Tél. : 01 49 52 50 50. Places : 5 à 95 €.

Opéra éclaté. Tournée « Lost in the Stars ». Tél. : 05 65 38 28 08

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