Théâtre - Gros Plan

Soubresaut

Soubresaut - Critique sortie Théâtre Nanterre Théâtre Nanterre-Amandiers


Théâtre Nanterre-Amandiers / Théâtre du Radeau / mes François Tanguy

Lorsqu’on demande à François Tanguy d’éclairer la genèse de sa nouvelle création, Soubresaut, la réponse du metteur en scène et scénographe prend la forme d’une longue digression. Entre esprit de malice et verve poétique, ouvertures d’espaces philosophiques et de panoramas concrets, ses phrases et ses pensées s’enchaînent, rebondissent l’une sur l’autre, suivant des avancées en fondus enchaînés. Finalement, un peu à la manière des visions qui composent les spectacles de sa compagnie, le Théâtre du Radeau, installée au’( Mans depuis le milieu des années 1980. « Alors là, s’élance ainsi François Tanguy, c’est très difficile de soubresauter…. On soubresaute, on saute dedans, et on se demande quel rapport il y a entre un tableau de Hanz Holbein, Les Ambassadeurs, et une fresque décrite par Peter Weiss, dans un livre intitulé L’Esthétique de la résistance, qui représente un combat de gigantomachie entre les dieux et les titans… Et puis, il y a Franz Kafka, dans la ligne des K… Il y a Bertolt Brecht dans la ligne des B… Il y a aussi la ligne de C… Toutes les cases de figuration s’entremêlent, s’enchevêtrent, essaient de distinguer à quelle distance le discernement se produit… C’est la perspective… Il faut donc inventer un dispositif, un agencement… »

 

L’infini inatteignable

 

«  Alors on place la vierge Marie et l’ange Gabriel, poursuit-il. En général l’ange est plutôt à gauche, Marie est plutôt à droite, mais ça peut changer… Et on creuse la perspective. On dispose un cône de responsabilité. Le cône de responsabilité, en théologie, ça s’appelle l’infini inatteignable… » Fait de superpositions, d’accumulations, d’échappées lyriques, l’univers de François Tanguy peut de prime abord déconcerter. Mais très vite, les bouffées poétiques de ce théâtre aux visions éphémères, transitoires, en perpétuel mouvement, imposent ampleur et profondeur. On ne sait d’ailleurs pas toujours très bien sur quoi repose l’impression à la fois de consistance et de précarité qui attache nos sens à ces moments de théâtre uniques. Créé en novembre dernier à Rennes, au Théâtre national de Bretagne, présenté en cette rentrée au Théâtre Nanterre-Amandiers dans le cadre du Festival d’Automne à Paris, Soubresaut fait, comme chaque proposition du Radeau, s’entrecroiser emprunts à la littérature, à la musique, à la peinture. Au sein d’un espace scénique reconnaissable entre tous (châssis monumentaux, tables, planches, meubles disposés en tous sens), Didier Bardoux, Frode Bjørnstad, Laurence Chable, Jean-Pierre Dupuy, Muriel Hélary, Ida Hertu, Vincent Joly, Karine Pierre et Jean Rochereau sont les figures baroques de cette nouvelle création. Les figures d’un monde qui fait se conjuguer les reflets de l’évidence et les possibilités de l’improbable.

Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement


Soubresaut
du vendredi 22 septembre 2017 au dimanche 8 octobre 2017
Théâtre Nanterre-Amandiers
7 Avenue Pablo Picasso, 92000 Nanterre, France

Le mardi, mercredi et vendredi à 20h30, le jeudi à 20h, le samedi à 19h, les dimanches 24 septembre et 1er octobre à 17h, le dimanche 8 octobre à 15h30. Durée : 1h20. Tél. : 01 46 14 70 00. www.nanterre-amandiers.com.


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