Seconde Nature de Fabrice Lambert

« Seconde Nature s’inscrit dans la continuité d’un travail entamé en 2010 qui pose la question de l’environnement à l’aune des ressources, de l’énergie. Ce cycle s’est ouvert avec Solaire et s’est poursuivi avec Nervure, Jamais assez et récemment Aujourd’hui Sauvage. Avec Seconde Nature, j’interroge aujourd’hui la relation entre les différentes représentations de la nature et la nature humaine, par le biais du mouvement, du tonus. Le tonus fait bouger ma danse, l’incarne. Je ne suis pas un chorégraphe qui agit sur la formalité du mouvement mais sur son tonus. J’ai voulu confronter ce tonus du corps, celui de notre posture d’être humain debout, à celui de la nature, à travers les images de Jacques Perconte.

Un spectacle ciné-chorégraphique

Jacques Perconte est un cinéaste expérimental qui filme des paysages. Ses images incarnent une direction que je cherche moi-même dans mon travail, à savoir partir de quelque chose de concret pour le déplacer jusqu’à ce qu’on ne le reconnaisse plus ou qu’on le redécouvre autrement. Une tempête dans l’océan, le reflet d’arbres dans le trouble d’un marais, vont tout à coup se perdre, se déformer, leurs couleurs devenir éclatantes. Ces images au début très concrètes s’éloignent au fur et à mesure de la représentation pour dériver vers une sorte d’abstraction où l’énergie des arbres et de la foudre va dialoguer avec celle des corps. Jacques utilise des outils techniques qui l’amènent à un moment donné à ne plus maîtriser ses images. C’est un enjeu que me pose aussi souvent le corps dans son engagement physique : à quel moment accepte-t-on d’en perdre la maîtrise ? Il y a dans nos travaux une vibration commune et notre rencontre a été une évidence. Je poursuis également dans Seconde Nature ma collaboration de longue date avec l’éclairagiste Philippe Gladieux qui est, outre les interprètes, le troisième homme de cette aventure. »

Propos recueillis par Delphine Baffour