Théâtre - Critique

Sallinger

Sallinger - Critique sortie Théâtre Martigues Les Salins


Scène nationale de Martigues / de Bernard-Marie Koltès / mes Catherine Marnas

Tout commence par une invitation faite à Bernard-Marie Koltès par Bruno Boëglin : écrire une pièce à partir d’un atelier d’acteurs organisé autour de l’œuvre de J. D. Salinger. C’était en 1977. Koltès accepte, rajoute un « l » au nom de l’écrivain américain et donne naissance à Sallinger, texte qui préfigure à la fois le style et les grandes thématiques des pièces ayant, quelques années plus tard, fait le succès du dramaturge. Langue flamboyante qui surgit comme des éclats de monde, questions de l’isolement, de la différence, de la violence, de la jeunesse, de la recherche de l’amour, des troubles intimes… Tout est là, enfoui au cœur d’une famille new-yorkaise du début des années 1960 – famille dont l’un des fils, Le Rouquin, vient de se suicider (Antoine Hamel). Sa femme (remarquable Marie Desgranges), sa sœur (Muriel Inès Amat), son frère (Fred Cacheux), son père (Franck Manzoni), sa mère (Bénédicte Simon) et deux amis (Olivier Pauls et Cécile Péricone) font face au vide laissé par cet être singulier, ainsi qu’aux tourments d’une Amérique sur le point de s’engager dans la guerre du Vietnam.

Des vagues de langage qui déferlent

Fidèle de l’écriture de Bernard-Marie Koltès depuis le milieu des années 1990 (Sallinger est le cinquième texte du dramaturge qu’elle met en scène), la fondatrice de la Compagnie dramatique Parnas crée un spectacle qui navigue, avec fluidité, entre clair et obscur, dérision et gravité, existences désenchantées et échappées fantasmagoriques. Dans Sallinger, les parois du réel sont sans cesse trouées par les arêtes de l’ailleurs et de l’imaginaire. C’est ainsi toute l’étrangeté d’un monde profondément ambivalent qui demande ici à s’exprimer, toute la force de vagues de langage déferlant, d’amas de mots venant empiéter sur la matière du quotidien. Or cette forme de puissance débordante manque quelque peu à la représentation conçue par Catherine Marnas. Une représentation bien sûr de bonne facture, qui rejoint le « théâtre populaire et généreux » que revendique la metteure en scène, mais qui peine à rendre compte des fulgurances traversant de part en part le théâtre de Bernard-Marie Koltès.

Manuel Piolat Soleymat

* Pièce publiée aux Editions de Minuit.

A propos de l'événement


Sallinger
du vendredi 11 janvier 2013 au vendredi 11 janvier 2013
Les Salins
19 quai Paul-Doumer, 13692 Martigues
Le 11 janvier 2013, à 20h30. Tél. : 04 42 49 02 00. www.theatre-des-salins.fr. Spectacle vu lors de sa création au Théâtre national de Strasbourg, en novembre 2012. Durée : 2h

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