Jazz / Musiques - Gros Plan

Raphaël Faÿs, de Django à Paco et de Paris à Séville

Raphaël Faÿs, de Django à Paco et de Paris à Séville - Critique sortie Jazz / Musiques Paris L'Européen


L’EUROPEEN / SPECTACLE MUSICAL

« Ce spectacle, c’est un peu ma vie à travers ma guitare. C’est ce que j’ai aimé le plus : ces musiques, ces gens aussi. Comme Django Reinhardt ou Paco de Lucia qui ont fait ce que je suis car ils m’ont donné toute l’inspiration. « Paris –Séville » symbolise ce qui a bercé ma vie depuis mon berceau. Et, on l’entendra, je ne suis enfermé dans aucun style » affirme d’emblée Raphaël Faÿs. Ce guitariste d’exception a ouvert dans le flamenco une voie particulière, qui puise beaucoup dans son histoire personnelle, de ses premières amours jazz héritées du swing manouche et de sa connaissance profonde du répertoire de la guitare classique espagnole, jusqu’à sa rencontre magique avec la musique de Paco de Lucia… « J’ai appris le jazz grâce à mon père quand j’ai commencé. Il jouait du Django Reinhardt, et il le faisait très bien. Donc il me l’a enseignée. Ensuite il a voulu que j’apprenne à lire la musique et j’ai étudié la guitare classique : Albeniz, Granados, Falla… Je suis très vite tombé amoureux de cette musique espagnole. Et puis un jour j’ai vu à la télé Paco de Lucia et là j’ai été bouleversé par ce que j’ai vu. Dès lors, sa musique ne m’a plus quittée. Plus tard, devenu adulte et musicien professionnel, je suis allé l’écouter en concert et cette fois-ci j’ai complètement craqué et j’ai décidé d’apprendre véritablement cette musique. J’ai commencé le flamenco vers l’âge de 24-25 ans. J’ai eu la chance de rencontrer à Paris de grands guitaristes de flamenco qui m’ont enseigné les styles. Cela a été très long, on ne joue pas du flamenco comme ça… » résume le guitariste.

Une autre voie du Flamenco

Mais le Flamenco de Fays n’a rien d’une imitation. Il sonne au contraire comme un défi à lui-même et à la tradition, une déclaration d’indépendance vis-à-vis du monde musical, et l’expression d’une intuition. Cette intuition restera celle d’avoir développé une technique particulière de jeu au médiator (jamais utilisé dans le flamenco), ouvrant ainsi une voie dans l’univers hautement codifié de cette musique… « J’ai voulu créer ma propre musique espagnole. Un peu à l’image de Bizet qui, quand il compose Carmen, s’invente son Espagne… Dans mon esprit, je ne pouvais jouer du flamenco qu’à partir de ma propre originalité. Cela a été une recherche. D’ailleurs le jour de 1987 où j’ai joué devant Paco de Lucia Entre dos Aguas, sa célèbre Rumba, c’est ce qui lui a plu. Il a dit « Lui au moins, il ne le joue pas comme moi ! »… J’ai peut-être fait moins de scènes que certains guitaristes mais j’ai passé beaucoup de temps à travailler et chercher, souvent près des forêts, car j’ai besoin de leur silence pour composer. » confie Raphaël Fays. Hasard ? Son nom signifie « la sève de l’hêtre »… Il sort du bois aujourd’hui pour réouvrir une nouvelle étape de son chemin de liberté, d’audace et de brio.

Jean-Luc Caradec

A propos de l'événement


Raphaël Faÿs, de Django à Paco et de Paris à Séville
du jeudi 17 mai 2018 au jeudi 17 mai 2018
L'Européen
5, rue Biot 75017 Paris

à 20h30. Tél. 01 44 51 93 26. Places : 22 à 29€.


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