Théâtre - Critique

R.E.R.

R.E.R. - Critique sortie Théâtre


Quelques mois après son arrivée mouvementée à la tête du Théâtre des Treize Vents (Centre dramatique national de Montpellier Languedoc-Roussillon), Jean-Marie Besset présente l’une de ses dernières pièces sur le plateau du Théâtre de la Tempête, à la Cartoucherie de Vincennes. Dans la droite lignée du théâtre auquel l’auteur travaille depuis plus de 25 ans (son premier texte, Villa Luco, date de 1984), R.E.R. peine à sortir d’une vision didactique et illustrative de l’art dramatique. On reconnaîtrait même, ici, les yeux fermés la patte du dramaturge : goût prononcé pour le bon chic bon genre, formules qui cherchent à faire mouche, chapelet de clins d’œil culturels, personnages qui donnent la désagréable impression de s’écouter parler… Du Jean-Marie Besset pur sucre, pour ainsi dire, qui s’inspire d’un fait divers datant de juillet 2004 : l’affaire Marie-Léonie Leblanc — jeune femme ayant fait la une des journaux pour avoir faussement déclaré être la victime d’une agression à caractère antisémite.
 
L’histoire d’une fausse agression
 
Se succèdent ainsi des couplets sur l’antisémitisme, bien sûr, mais aussi, pour le même prix, sur l’homophobie, des poncifs sur les rapports et les comportements de classe, des références ampoulées à Roland Barthes, Max Ophüls, Louise de Vilmorin, André Malraux… Tout, dans R.E.R., respire l’envie de briller, d’en imposer à travers les chatoiements d’un théâtre qui se pense intelligent. Ceci au détriment de toute forme d’étrangeté, et au risque de se confiner dans l’afféterie. Car Jean-Marie Besset, plutôt que de partir à la découverte des zones d’ombre liées aux thèmes de l’altérité, de la solitude, des égarements intimes, ne fait que plaquer des répliques clinquantes et des pensées toutes faites sur des motifs dramaturgiques eux-mêmes assez convenus. Finalement, au sein d’une mise en scène purement décorative, seuls Marc Arnaud, Mathilde Bisson et Chloé Olivères (qui partagent le plateau avec Andréa Ferréol, Didier Sandre, Brice Hillairet et Lahcen Razzougui) parviennent à sortir de l’ornière. Ce sont de ces jeunes comédiens aux personnalités prometteuses que proviennent les uniques souffles de vie de ce spectacle compassé.
 
Manuel Piolat Soleymat

R.E.R., de Jean-Marie Besset ; mise en scène de Gilbert Désveaux. Du 11 mars au 18 avril 2010. Les mardis, mercredis, vendredis et samedis à 20h30, les jeudis à 19h30, les dimanches à 16h. Théâtre de la Tempête, Cartoucherie, Route du Champ-de-Manœuvre, 75012 Paris. Réservations au 01 43 28 36 36. Durée de la représentation : 2h00.

A propos de l'événement




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