Danse - Critique

Quintette

Quintette - Critique sortie Danse Elancourt Le Prisme


Le Prisme / Chor. Jann Gallois

Un premier solo neuf fois primé en 2012, un second qui la propulse « Meilleur espoir de l’année » en 2015, un duo puis un trio qui lui valent d’être artiste associée depuis septembre 2017 au Théâtre national de Chaillot comme à la Maison de la Danse de Lyon, Jann Gallois connaît un parcours fulgurant. Conséquence inévitable de ces multiples succès, les attentes sont grandes au moment de la création de Quintette, son dernier opus. Loin de les décevoir, elle confirme au contraire avec cette pièce de groupe son indéniable talent et la promesse d’un avenir éclatant.

La contrainte comme élan créatif

Comme toujours chez cette jeune chorégraphe, qui étudia la musique avant de devenir une magnifique interprète de danses hip-hop et contemporaine, tout part d’une contrainte. À celles de la pesanteur dans P=mg, de l’état schizophrénique dans Diagnostic F20.9, des corps irrémédiablement imbriqués de Compact, suivent les difficultés à faire groupe dans le bien nommé Quintette. Cinq interprètes vêtus élégamment de noir se tiennent immobiles sur le plateau. Si l’un bouge, même très légèrement, les autres doivent s’ajuster. Et lorsqu’il décide de franchement se déplacer, des discussions sans fin puis la colère éclatent. Chacun veut imposer son point de vue, tous vocifèrent, plus aucune communication n’est possible. Mais alors que les voix se taisent, les gestes du courroux deviennent la matière d’une danse qui hoquette, suite de mouvements subitement empêchés qui se répètent. S’exprimer, se faire comprendre semblent impossible. Un peu plus tard pourtant, alors que ces cinq corps oscillent imperceptiblement d’abord, puis sont comme emportés par de larges vagues irrépressibles, la communion et même l’entraide deviennent possibles… Avant qu’un grain de sable ne vienne enrayer ce superbe élan et renvoie chacun à son irrémédiable solitude. Si Jann Gallois nous avait jusqu’alors bluffé par ses interprétations, la maîtrise de ses sujets et l’inventivité de sa gestuelle, on découvre avec Quintette sa grande musicalité et son art maîtrisé de la composition, notamment dans le déphasage cher aux musiciens minimalistes. Une belle réussite !

 

Delphine Baffour

A propos de l'événement


Quintette
du mardi 30 janvier 2018 au samedi 26 mai 2018
Le Prisme
2 Allée du Théâtre, 78990 Élancourt, France

Le 30 janvier à 20h30. Tél. 01 30 51 46 06. En partenariat avec le Théâtre de Saint-Quentin-En-Yvelines, Scène nationale. Le 1er février au Théâtre de Rungis. Tél : 01 45 60 79 00. Les 3 et 4 février au Festival Suresnes Cités Danse. Tél. : 01 46 97 98 10. Durée : 50 mn.


Spectacle vu et créé à l'Atelier de Paris Carolyn Carlson.


Egalement les 13 et 14 février à L'Onde, Vélizy-Villacoublay, le 24 février au Festival Les Hivernales, Avignon, les 28 février et 1er mars à l'Espace Albert Camus, Bron, du 29 mars au 4 avril à Chaillot - Théâtre National de la Danse, Paris, le 6 avril à l'Espace Germinal, Fosses, le 7 avril à L'Orange bleue - Espace culturel, Eaubonne, le 10 avril au Théâtre Paul Éluard, Bezons, le 25 mai à l'Espace Georges Simenon, Rosny-sous-Bois, le 26 mai au Théâtre de Chatillon.


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