Le mot qui me vient lorsque je pense au Quatuor Bela est le mot « route » ou « chemin ». Qu’en pensez-vous ?
Julian Boutin : Ah oui ? Bartok, l’éternel voyageur. C’est tout à fait ça pour nous aussi ! On sait tous que Bartok a parcouru sac au dos et carnet à la main les campagnes transylvaniennes et bulgares pour collecter les chants populaires. On sait moins que ses voyages l’ont amené jusqu’à Biskra en Algérie, au Caire et en Turquie. Tous les musiciens arabes connaissent Bartok et le tiennent en haute estime. Pour nous, sa musique intègre, pleine d’audace, de défi, de modernité et qui bruisse malgré tout des rumeurs du passé est une réussite absolue. Si notre parcours peut évoquer (même très lointainement) l’image de notre saint patron, c’est le plus beau compliment dont on puisse rêver.
« Daniel D’Adamo a amené la pièce à un endroit beaucoup plus moderne et beaucoup plus combatif que les pistes de départ. »
Parlez-nous de ce projet Schubert/D’Adomo, créé à Paris au Théâtre des Bouffes du Nord avant de partir en tournée dans le cadre de la Belle Saison, qui va associer le Quatuor Bela à la violoncelliste Noémi Boutin…
Julian Boutin : L’envie de travailler avec la formidable Noémi Boutin autour du Quintette en ut de Schubert était là depuis longtemps. Nous souhaitions faire écrire une pièce en préambule à ce quintette. Le fait qu’elle soit une fille et nous des garçons a dessiné, d’une manière consciente et inconsciente, un imaginaire gothique inspiré des personnages tels que Ophélia ou Perséphone : une jeune fille belle et amoureuse attirée par les reflets assassins de l’eau et entourée de fantômes plus ou moins menaçants. D’où l’idée que Noémi est seule visible en scène et que le quatuor est tout d’abord dissimulé. Lorsque nous avons soumis la contrainte de cette situation au compositeur Daniel D’Adamo, il a été, avec son énergie volcanique légendaire, complètement enthousiasmé. Travailler avec lui a été d’une richesse incroyable. Il a écrit, essayé, raturé, jeté, réécrit, apportant à chaque cession de travail un flot d’idées nouvelles qui ne semblait pas devoir s’arrêter. Il a amené la pièce à un endroit beaucoup plus moderne et beaucoup plus combatif que les pistes de départ. Je pense, j’espère que cette confrontation entre une pièce majeure du passé et un univers musical contemporain redonnent du sens et de la vie aux deux langages.
Propos recueillis par Jean Lukas
à 20h30. Tél. 01.64.03.88.09
Théâtre des Bouffes du Nord 37 bis Boulevard de la Chapelle, 75010 Paris. Lundi 8 octobre à 20h30. Tél. 01 46 07 34 50.
Et aussi à Chambéry, Valence, Arles, Lorient, Saint Omer, Metz, Aubusson, Saint-Brieuc, Gavaudun, au Festival de Chaillol, etc.
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