Plus léger que l’air

« J’ai tout de suite pensé que ce roman était une très belle matière pour le théâtre, pour une grande comédienne, l’occasion de déployer un éventail de registres allant de la tendresse à la férocité. », dit Jean Lacornerie, qui a adapté le texte de Federico Jeanmaire avec Martine Silber, et confié le rôle principal de la pièce à la talentueuse Elisabeth Macocco. Dans un appartement de Buenos Aires, une très vieille dame a enfermé dans la salle de bain le petit voyou qui voulait la voler. Avec les mots pour seules armes, la bourgeoise cultivée et prolixe retient le gamin des rues en otage.

Tragédie caustique

« Quelque chose de drôle, tendre, absurde, cruel, pervers même parfois » se dégage de ce texte baroque où « le rire le dispute à l’effroi et la cruauté inconsciente à l’innocence », comme le remarque Elisabeth Macocco, qui s’empare du monologue de Faila avec une gourmandise contagieuse ! Le gamin a beau se rebiffer, hurler et esquinter ses poings contre la porte, la vieille dame refuse d’ouvrir et profite de son auditeur captif pour raconter sa vie, celle de sa mère qui se rêvait aviatrice, ainsi que la tante odieuse qui l’a élevée et ses deux horribles cousines. D’anecdotes en traits d’esprit, une relation improbable s’installe entre ces deux écorchés vifs et le drame prend forme. La porte s’ouvrira-t-elle ? Mystère…

Catherine Robert