Classique / Opéra - Entretien

Philippe Fénelon

Philippe Fénelon - Critique sortie Classique / Opéra


Entre Le Chevalier Imaginaire, créé en 1992, et La Cerisaie, créé 20 ans plus tard, comment a évolué votre approche de la conception et composition d’un opéra?
 
Philippe Fénelon : Entre ces deux œuvres, il y a eu quatre opéras et un grand nombre de pièces vocales. Je pense que ma radicalité d’écriture de l’époque du Chevalier imaginaire – que j’avais terminé d’écrire en 1986 – n’est pas exactement la même du point de vue du traitement de la vocalité. Aujourd’hui, je suis beaucoup plus souple par rapport à tout ce qui peut être expérimental dans la manière de traiter les voix. Ce qui m’importe avant tout, c’est la compréhension d’un texte et des lignes qu’il suggère musicalement. Les extravagances vocales sont toujours anecdotiques et je ne choisis jamais cette forme particulière qu’est l’opéra pour en faire. Sinon, le travail sur l’architecture et l’angle de lecture des œuvres qui m’inspirent sont toujours aussi intenses. Et si, de toute évidence, je ne suis plus le même, j’aime toujours autant le caractère expressif de la voix chantée et les tensions que l’on peut construire au moyen de la dramaturgie, sur une scène. En ce sens, cette passion n’a pas changé.
 
 « Nous avons voulu montrer un moment particulier de La Cerisaie et proposer un point de vue sur cette pièce. »
 
Comment est né le projet de La Cerisaie ?
 
P. F. : Lors d’un séjour à Moscou, les organisateurs de l’Année croisée France-Russie 2010 m’ont demandé si je voulais leur proposer un projet, pourquoi pas d’opéra. Cette année coïncidait aussi avec le 150e anniversaire de la naissance de Tchekhov. J’ai alors suggéré de travailler à partir de cette œuvre emblématique russe, la plus représentative du théâtre de ce pays, même si cela pouvait sembler osé. Mais mon opéra n’est pas une simple adaptation du texte de Tchekhov. Avec le librettiste, Alexeï Parin, nous avons voulu montrer un moment particulier de La Cerisaie et proposer un point de vue sur cette pièce qui, aujourd’hui, a une portée universelle, très symbolique même. Tout le monde, à un moment ou à un autre de la vie, doit abandonner une maison aimée. C’est cette nostalgie de la perte d’un paradis que nous déclinons au cours du dernier bal qui a lieu dans cet endroit.
 
 
Dans un tel projet, qu’attendez-vous et que redoutez-vous le plus de vos "interprètes" : metteur en scène et directeur musical ?
 
P. F. : Je ne redoute jamais rien de mes interprètes, encore moins dans un lieu aussi prestigieux que l’Opéra de Paris parce que tout le monde fait preuve d’un grand professionnalisme. Nous nous sommes tous préparés très en amont pour comprendre l’œuvre que j’ai écrite et aller dans le même sens. Cela ne signifie pas que les chanteurs n’ont pas le champ libre pour proposer leur propre interprétation. En ce qui concerne Tito Ceccherini, le directeur musical, qui a déjà dirigé l’opéra trois fois en concert (ndlr : au Théâtre Bolshoï de Moscou, le 2 décembre 2010), je sais ce qu’il va faire et nous continuons à peaufiner certains détails. Et avec Georges Lavaudant,le metteur en scène, nous avons eu suffisamment d’échanges pour que je sache que ce qu’il va faire n’est pas si éloigné de ce que j’ai écrit. Mais c’est son interprétation de cet opéra qui importe. Je ne suis pas le metteur en scène, à chacun son rôle. Cela ne signifie pas non plus que je suis toujours d’accord avec ce que font les uns et les autres, mais si un problème est soulevé, nous en discutons simplement. J’ai un caractère plutôt optimiste et confiant !
 
Propos recueillis par Jean Lukas

 

Du 27 janvier au 13 février au Palais Garnier. Tél. 08 92 89 90 90 (0,34€ la minute). Places : 10 à 140 €.

A propos de l'événement




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