Classique / Opéra - Gros Plan

Pascal Dusapin / Saisissantes figures

Pascal Dusapin / Saisissantes figures - Critique sortie Classique / Opéra Paris. Philharmonie de Paris


Spécial Philharmonie / compositeurs français à l’honneur CREATION / MUSIQUE FRANCAISE / PHILHARMONIE 1

Quand Pascal Dusapin, compositeur d’à peine trente ans, débarque sur la scène musicale au cours des années 1980, il ne passe pas inaperçu. Et ce n’est pas seulement l’imposante carrure de ce grand jeune homme que l’on remarque. La mode est alors à la musique spectrale, à l’introspection sonore, qui est en train de submerger le « post-sérialisme » et sa minutie de laboratoire. Pascal Dusapin, lui, semble composer à grands traits, visant plus la force sensuelle du ressenti que la fanatique précision de l’écriture. Comme l’écrit très justement Jacques Amblard, sa musique est alors « plus mélodique qu’harmonique ». Sans doute faut-il voir là l’influence de son maître Iannis Xenakis (et à travers lui d’Edgard Varèse), qu’il rencontre sans être passé par un cursus académique de musicien (sa formation est avant tout celle d’un plasticien et philosophe). Il développe son langage en même temps qu’il s’approprie les sonorités instrumentales (If  pour clarinette, Item pour violoncelle, Ici pour flûte, Iti pour violon, In & Out pour contrebasse etc.). Son écriture pour ensemble – du quatuor à l’orchestre – est alors avant tout une écriture pour solistes démultipliés ou une sorte de contrepoint total et atonal. La voix vient souvent s’y glisser ; cela lui est facile : toute la musique de Pascal Dusapin tient dans sa capacité à se modeler au gré d’intonations illimitées, et les instruments privilégiés par le compositeur (vents et cordes) se prêtent volontiers au jeu de l’imitation vocale, par l’usage intensif du glissando et des micro-intervalles.

Transformations et collisions

Pour la scène ou le concert, la musique avec voix de Pascal Dusapin n’a pas pour premier rôle de porter un sens narratif. Pour autant, l’évolution se fait peu à peu vers une musique davantage inscrite dans un parcours dramatique. Cela est cependant plus flagrant dans la série des sept « solos pour orchestre » composés entre 1992 (Go) et Uncut (2009) que dans les œuvres lyriques, même récentes (Perelà, Faustus). Aufklang, concerto pour violon écrit pour Renaud Capuçon et créé en 2013 à Cologne, s’inscrit dans la continuité de ces « solos ». Si la forme même avec ses trois mouvements renvoie à une attitude désormais plus classique du compositeur, elle conserve l’idée – centrale dans toute son œuvre – d’une musique qui se transforme mais esquive les processus de développement. L’inattendu ici provient souvent de la collision du chant soliste avec le grain de l’orchestre (la flûte, dans un registre très bruité dans le mouvement central ; les cordes et cuivres, trombone en tête, dans le finale). La musique de Pascal Dusapin continue de se déployer en saisissantes figures.

 

Jean-Guillaume Lebrun

A propos de l'événement


CREATION / MUSIQUE FRANCAISE
du lundi 26 janvier 2015 au lundi 26 janvier 2015
Philharmonie de Paris
221 Avenue Jean Jaurès, 75019 Paris, France

Lundi 26 janvier à 20h30. Tél. : 0 1 44 84 44 84.


A lire aussi sur La Terrasse

  • Théâtre - Agenda

La petite vie étrange de Monsieur Potsunen

Kentarô Kobayashi, star du comique au Japon, [...]

Du jeudi 29 janvier 2015 au 31 janvier 2015
  • Théâtre - Agenda

L’Inattendu

Sur fond de musique « jazz-pop-rock », la [...]

Du mercredi 14 janvier 2015 au 24 janvier 2015
  • Théâtre - Entretien

Jean Boillot / La bête humaine

A partir de deux pièces zoologiques d’Eugène [...]

Du mercredi 14 janvier 2015 au 22 janvier 2015