Parfois le vide

A l’heure où la francophonie est fortement menacée dans sa dimension théâtrale par les projets du ministère de la Culture visant à déménager Théâtre Ouvert au Tarmac, sans proposer de nouveau lieu ou de nouveau projet à ce dernier, Raharimanana, artiste malgache et figure éminente de la constellation de la littérature et du théâtre francophones, présente dans trois lieux de Paris et de banlieue un spectacle sur le sujet ô combien brûlant des migrations. « J’ai écrit Parfois le vide comme un chemin de pensée et une partition des possibles en ce temps de défaite du sens et de la parole » énonce Raharimanana. L’auteur a souvent croisé dans ses récits les dimensions poétique et politique.

Quand les moyens de guérison classiques ont échoué

Ici, une voix s’adresse à Momo, qui s’est lancé dans « la traversée ». Des deux personnages, on ne sait pas lequel est en train de se noyer. Sur scène, un joueur de cordes et un percussionniste accompagnent l’auteur, qui se transforme en diseur, pour un spectacle qui convoque le schéma de la tromba, cérémonie qui intervient en temps de crise collective ou individuelle, lorsque les moyens de guérison classiques ont échoué. Une flûtiste et chanteuse lyrique dédoublera ce récit en « faisant vibrer nos coeurs sensibles parfois trop fagotés par la raison ». Une approche sans concession de l’état du monde saisi au prisme des migrations, dans une écriture singulière comme sait si bien en produire l’espace de la francophonie.

Eric Demey