Orlando

Musicalement, leur chanson se nappe de jazz, de rock alternatif, de voix à la tierce, de contrebasse, d’accordéon et de saxophone, avec des textes un peu dingues, souvent révoltés, soudain sentimentaux. Orlando est un trio réunissant auteurs, compositeurs, interprètes, où tout est réellement fait à trois. « On ne sait pas pourquoi on fait un bout de chemin ensemble à part qu’à un moment, la folie créative s’empare de nous et qu’on arrive à jongler avec pendant un bout de temps, explique Christelle Boizanté, l’une des trois membres d’Orlando. On a travaillé sur la notion de collectif d’auteurs pour créer un univers où chacun a sa place, pleinement, avec toutes les richesses qu’apportent les différences. » Habitué des scènes de toutes tailles, Orlando aime également faire des cycles de concerts en appartement, un format intimiste qui rappelle à Frédéric Marchand celui des petites salles d’Avignon : « On aime ce rapport très étroit avec le public. On voit les visages, on sent la moindre réaction, c’est un corps à corps très intense. »

Défendre la singularité

Le spectacle parle de la femme, de celle, canonisée, forcément exemplaire, des années 50, à la femme contemporaine. « C’est un hymne à l’émancipation, à la liberté, revendique Boizanté. Nous avons tiré ce fil  de l’affirmation de soi tout au long du spectacle, même si ça doit passer par le fait de se retrouver hors norme ;  même si au passage, il faut égratigner certains tabous ou faire tomber quelques masques… ». Car Orlando ne suit pas des sentiers tracés, mais joue plutôt les équilibristes : « On aime faire le grand écart entre l’humour le plus débridé, et le côté obscur de la force, renchérit Frédéric Marchand, avec des sujets plus intimes, plus graves… C’est ce qu’on pourrait souhaiter à ce monde chaotique, de pouvoir faire cohabiter des énergies différentes, même si ce n’est pas évident. » Le tout avec une élégance décalée, une part d’insolite savamment dosée.

Vanessa Fara