Oratorio de Noël

Depuis la résurrection de la musique de Bach à l’époque romantique, grâce à des musiciens tel que Mendelssohn, le répertoire sacré du « Cantor de Leipzig » s’est progressivement sécularisé. Non plus accueillies par la religieuse ferveur des églises mais par l’écoute émerveillée des salles de concert, messes et cantates ont pu s’affranchir du cadre liturgique pour lequel elles avaient étaient écrites. Pour autant, par un retour aux sources un peu naïf, les Passions s’invitent en nombre au concert au moment de Pâques, et l’Oratorio de Noël a en cette fin d’année les honneurs de plusieurs salles.

Des choix artistiques différents

Ainsi, ces six cantates composées en 1734, qui avaient rythmé le temps qui sépare Noël de l’Épiphanie pour les fidèles de Leipzig, seront-elles données en une soirée, le 20 décembre en la Chapelle royale du Château de Versailles – ce qui n’est pas illogique, Bach considérant lui-même son oratorio comme un tout, se poursuivant de cantate en cantate. Peter Neumann dirigera le Kölner Kammerchor et le Collegium Cartusianum, spécialistes encensés de ce répertoire, avec une jeune distribution vocale (Hanna Zumsande, Elvira Bill, Manuel König, Benoît Arnould). Ce sont au contraire des chanteurs de grande expérience (Werner Güra, Matthias Goerne) qu’invite la Cité de la musique aux côtés du Kammerorchester Basel et du Deutsche Kammerchor et des contre-ténors Valer Barna-Sabadus et Terry Wey – un parti pris intéressant dans ces pages plus souvent confiées aujourd’hui à des voix de femmes. L’oratorio sera donné en deux soirées : les trois premières cantates le 17 décembre, les trois suivantes le lendemain. Au Théâtre des Champs-Élysées (le 20 décembre), Christophe Rousset et les Talens lyriques proposent quant à eux un condensé de l’œuvre (cantates n° 1, 2, 3 et 6) avec une distribution des plus intéressantes : la jeune soprano Katherine Watson, le contre-ténor Damien Guillon, le ténor Julian Prégardien (qui dans cette œuvre marche sur les pas de son père Christoph, l’un des grands interprètes de Bach des dernières décennies) et la basse Matthew Brook.

Jean-Guillaume Lebrun