Classique / Opéra - Gros Plan

Only the Sound remains

Only the Sound remains - Critique sortie Classique / Opéra Paris Palais Garnier


CREATION FRANÇAISE / PALAIS GARNIER

Pour Kaija Saariaho, l’opéra apparaît comme le lieu privilégié de la rencontre des cultures. La compositrice finlandaise, installée à Paris depuis les années 1980, s’était ainsi inspirée du troubadour Jaufré Rudel  pour son premier opéra, dont elle avait confié l’écriture du livret au romancier franco-libanais Amin Maalouf. Avec  le même auteur – et le même metteur en scène, Peter Sellars – Kaija Saariaho avait ensuite élaboré son deuxième opéra, Adriana Mater, créé à l’Opéra Bastille et portant cette fois les échos de notre temps, puis un oratorio, La Passion de Simone, célébration de la philosophe Simone Weil. Un troisième opéra, Émilie, monodrame écrit pour la soprano Karita Mattila et inspiré par la vie de la mathématicienne Émilie du Châtelet, vit le jour à l’Opéra de Lyon en 2010 (mis en scène cette fois par François Girard). À l’occasion de la rétrospective que lui consacrait l’an dernier le Festival Présences de Radio France, Kaija Saariaho revenait sur sa complicité avec Amin Maalouf : « Ce fut une collaboration exaltante et riche, car Amin a une perception très fine de la musique. Cependant, à un moment, j’ai senti que, quoique chacun de nos projets ait été différent, ses mots induisaient toujours la musique d’une certaine manière, justement parce que son style est très fort. Il fallait que je prenne du champ pour renouveler ma  musique ».

Poésie sonore, entre expression et extase

De fait, Only the Sound remains, créé en 2016 à Amsterdam et donné en première française ce mois-ci au Palais Garnier, se distingue fortement des précédents ouvrages de la compositrice. Changement de langue tout d’abord : le livret est tiré d’adaptations anglaises de deux pièces du théâtre No par Ezra Pound. L’orchestre ensuite : dirigé par Ernest Martínez, fidèle interprète de la compositrice, il est ici resserré aux dimensions d’un ensemble instrumental original (quatuor à cordes, flûte, percussions) rehaussé par les sonorités cristallines du kantele, instrument à cordes pincées emblématique de la musique traditionnelle finlandaise. Ce qui n’a pas changé, c’est le goût de Kaija Saariaho pour les textures transparentes, pour la poésie sonore, entre expression et extase. Elle confie son opéra à deux voix solistes – le contre-ténor Philippe Jaroussky et le baryton-basse Davone Tines – et un chœur de chambre, voix choisies pour franchir les frontières entre le monde terrestre et celui des esprits. Toujours parfaitement accordé aux univers déployés par Kaija Saariaho, Peter Sellars signe la mise en scène.

 

Jean-Guillaume Lebrun

A propos de l'événement


Only the Sound remains
du mardi 23 janvier 2018 au mercredi 7 février 2018
Palais Garnier
8 Rue Scribe, 75009 Paris, France

Les 23, 25, 27 janvier, 1er et 7 février à 19h30, dimanche 4 février à 14h30. Tél. : 08 92 89 90 90.


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