On aura pas le temps de tout dire

Leur volonté fut de commencer une série de portraits d’acteurs. Avec Gilles Defacque comme sujet, Eva Vallejo et Bruno Soulier ont ouvert une boîte de Pandore ! Respectivement metteuse en scène et compositeur, ils dirigent ensemble l’Interlude T/O, compagnie de « Théâtre / Oratorio » qui fait la part belle aux projets mêlant le texte à la musique, dans une définition large de la dramaturgie qui inclut le travail autour du son et du geste. Très ancrés en région Nord, ils interviennent également régulièrement au sein de l’école du Centre Dramatique National de Lille-Tourcoing. C’est donc tout naturellement que leur route a croisé celle de Gilles Defacque, lui-même directeur du Prato, Théâtre International de Quartier à Lille. Jusqu’à travailler ensemble avec ce premier spectacle, écrit à trois voix autour d’une même figure.

A la recherche de l’homme

Comment raconter Gilles Defacque ? Le mieux est de le faire soi-même – il est l’auteur des textes du spectacle. Pour autant, pas moins de 20 tableaux sont nécessaires au déploiement de la pièce, qui prévient par ailleurs qu’« on aura pas le temps de tout dire (…), on sera pris de court bien sûr ». On y entre comme dans le journal intime d’un homme, un acteur avant tout, un clown et chef de troupe incontournable dans le paysage du cirque (Le Prato est depuis 2011 Pôle National des Arts du Cirque). On y célèbre avec lui la poésie, les mots tels qu’il aime les malaxer, la condition d’acteur telle qu’il aime la déconstruire, et l’on accède à son monde qui est celui de l’imaginaire et du rêve. A la fois hommage et véritable numéro d’acteur, la pièce navigue entre rapport au réel et poésie qui ensemble définissent l’art et l’action de cet homme.

Nathalie Yokel