Théâtre - Entretien

Olivier Mellor / Décaler les classiques

Olivier Mellor / Décaler les classiques - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de l’Epée de Bois


Théâtre de l’Epée de bois / Knock ou le triomphe de la médecine / de Jules Romain / mes Olivier Mellor

Pourquoi choisir de monter Knock ?

Olivier Mellor : Nous avons eu l’idée d’une trilogie sur le répertoire « à la française » : Le Dindon, Knock et Cyrano de Bergerac. Il s’agit de décaler les classiques plutôt que de les dépoussiérer, en faisant le pari d’un aspect contemporain dans les costumes et la musique, en jouant des anachronismes et des gags. Knock est une comédie acide : pour rendre son propos plus actuel, nous avons choisi de faire de Knock un hypercommunicant. Nous avons créé ce spectacle au moment de la dernière campagne présidentielle. Stephen Szekely, qui joue Knock, ressemble à Sarkozy, et adopte, pour ce rôle, un côté très excité. A l’époque, la relation était évidente et la ressemblance saisissante. Evidemment, Knock est un marronnier des programmes scolaires et une pièce souvent accaparée par le théâtre privé et les amateurs. On se souvient des répliques sur la chatouille et la gratouille mais on oublie souvent que ce texte parle de politique, de relations entre les hommes, et même de sodomie ! Le public redécouvre un texte très puissant, drôle et cynique.

« Knock est une lithographie à l’échelle cantonale de la France et du monde. »

Comment avez-vous orienté la lecture de la pièce ?

O. M. : Quand Knock arrive dans le village où il doit remplacer le docteur Parpalaid, personne n’a recours au médecin. Mais Knock parvient à mettre tout le monde au lit et se sert de l’hôtel pour en faire un hôpital. Il retourne même les plus sceptiques. C’est cet aspect gourou qui nous intéressait. Aujourd’hui, on se demande parfois comment les choses occupent le devant de la scène. Mais c’est tout bêtement qu’on en parle parce qu’on en parle ! Knock parvient à occuper l’espace médiatique à l’intérieur d’un village. Knock est une lithographie à l’échelle cantonale de la France et du monde. Notre Knock est donc une critique du monde médiatique, et le personnage est un peu, dans cette mise en scène, comme sous oreillette ! Un peu comme un pantin. En même temps, je pense que c’est quelqu’un qui croit ce qu’il dit, comme toujours les gourous. Et puis, chose importante, Knock est aussi quelqu’un qui fait de l’argent : c’est bien ce qu’il dit au pharmacien, qui suit son exemple et finit avec un costume en or, sniffant et claquant la bise à tout le monde !

Vous choisissez de forcer le trait du grotesque.

O. M. : Nous faisons surtout un théâtre joyeux, avec des machines à fumée, des surprises qui tombent du plafond, une fanfare qui accueille le public au début du spectacle, des pastilles musicales à l’intérieur du spectacle, six ou sept régisseurs sur scène, beaucoup de moyens : bref, je crois qu’au théâtre, il n’y en a jamais assez pour les yeux. L’ennemi, c’est l’ennui !

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement


Knock ou le triomphe de la médecine
du mardi 4 février 2014 au dimanche 23 février 2014
Théâtre de l’Epée de Bois
Cartoucherie, route du Champ de Manœuvre, 75012 Paris.
Du 4 au 23 février 2014. Du mardi au samedi à 20h30 ; dimanche à 18h. Tél. : 01 48 08 39 74. Tournées et créations de la compagnie du Berger (Partie, de Marie-Laure Boggio, créé en mai 2014, et Dialogues d’exilés, de Brecht, jusqu’en juin 2014 puis à Avignon) sur www.compagnieduberger.fr

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