Nino Rota

Universellement célèbre pour ses musiques admirables, aux parfums mélodiques délicieusement mélancoliques, (La Strada, La dolce vita, Huit et demi, Amarcord, etc), Nino Rota est, comme beaucoup de musiciens pour l’image, un compositeur résolument inscrit dans la tradition savante de la musique dite classique. Né dans une famille de musiciens, il s’est très jeune imposé comme compositeur prodige en signant  son premier oratorio L’infanzia di San Giovanni Battista en 1923, à l’âge de 12 ans, et son premier ouvrage lyrique, Il Principe Porcaro, trois ans plus tard. A l’autre extrémité de sa carrière, au plus fort de son succès au cinéma (avec Fellini bien sûr mais aussi Visconti ou Coppola), il n’abandonnera jamais ses responsabilités pédagogiques, en particulier au Conservatoire de Bari dont il a assumé la direction de 1950 jusqu’à sa mort en 1979. Son œuvre « classique », vaste et méconnue, se déploie dans tous les domaines : opéra, orchestre symphonique, musique de ballet, musique de chambre, pièces pour piano, etc… C’est une grande joie de retrouver ou découvrir deux de ses œuvres chambristes, la brève Piccola Offerta musicale pour quintette à vents (1943) et surtout le Nonetto pour flûte, hautbois, clarinette, basson, cor, violon, alto, violoncelle et contrebasse, page majeure du milanais, composée en 1959 (puis remaniée pour aboutir à une version finale en 1974). Ces deux œuvres sont présentes dans l’important enregistrement dédié à Rota réalisé par Gidon Kremer en 1996, pour le label Bis, avec ses complices de l’ensemble Kremerata Musica. Au même programme, le Nonette en fa majeur (1813) de Louis Spohr conçu pour le même effectif.

J. Lukas