My Fair Lady

Des vertus de l’éducation qui toujours impressionnent… surtout lorsque l’élève est remarquablement douée et demandeuse. Le savoir comme émancipation : le thème n’a rien de désuet, et Monsieur Shaw serait sans doute étonné de constater à quel point il demeure aujourd’hui encore un sujet sensible voire un défi. A travers l’auteur, Robert Carsen apprécie en Bernard Shaw « un homme remarquable », un précurseur visionnaire qui met en lumière la pesanteur absurde des clivages sociaux et le besoin de liberté des femmes. Qui ne connaît les célébrissimes leçons du professeur Higgins, qui entreprend de transformer la jeune vendeuse de fleurs Eliza Doolittle en une dame distinguée, corrigeant avec l’assurance de ceux qui se savent nantis son accent et ses fautes ? Pygmalion (1914), pièce de théâtre de George Bernard Shaw ; My Fair Lady, son adaptation sur les scènes de Broadway (1956), énorme succès ; sa transposition à l’écran sous le même titre (1964) par George Cukor avec la sublime Audrey Hepburn et toujours Rex Harrison, succès qui a traversé le temps…
L’œuvre distille son charme
Et en cette fin d’année 2013, qui a bien besoin d’optimisme et d’énergie, cette comédie musicale créée au Châtelet en 2010, applaudie l’an dernier dans une production russe au Théâtre Mariinsky, est de retour à Paris. La musique de Frédérick Loewe, le livret de Alan Jay Lerner, la chorégraphie de Lynne Page, la mise en scène de Robert Carsen, les décors de Tim Hatley, les costumes de Anthony Powell : les talents se conjuguent, pour une production tout en mouvement et couleurs. Satire de la société anglaise d’avant-guerre, humour acéré et incisif, virtuosité éblouissante et pétillante : l’œuvre distille son charme, ravit les sens et l’esprit. Avec toujours dans le rôle de Higgins Alex Jennings, et dans celui d’Eliza Christine Arand (delà présente en 2010) en alternance avec Katherine Manley.
Agnès Santi