Motobécane

Victor, surnommé “Motobécane“, mène une vie simple et sans histoires. Récolter les bouteilles vides, collectionner les étiquettes et prendre plaisir à respirer “el bon air à campagne“ en roulant sur sa mobylette bleue, voilà son gagne-pain et quelques petits bonheurs. Ce “quitte à quatorze“ (l’école) écrit sans manquer un “s“ à la fin des mots. Il n’est pas si bête. Puis sa vie bascule. Il rencontre la “tiote“ Amandine, la recueille naïvement chez lui parce qu’elle ne veut plus aller à l’école, ni retourner chez elle car sa mère la bat. Emu par l’enfant, touché par le fait que quelqu’un lui accorde autant d’attention, il la garde auprès de lui plusieurs semaines. Les gendarmes, à la recherche de la petite, finissent par l’arrêter, par hasard. C’est avec une authenticité saisissante que Bernard Crombey donne vie à cet homme blessé, qui écrit sa “vérité à l’exacte“ depuis sa “chambre à barreaux“. Il a créé son personnage en s’inspirant du roman Le Ravisseur de Paul Savatier, imaginé à partir d’un fait-divers de 1975. Au-delà des clichés du terroir campagnard, d’un vocabulaire et d’une syntaxe particuliers, cet accent picard n’empêche en rien la proximité avec le spectateur. Le comédien raconte l’histoire de Victor et retrace avec maestria le drame poignant d’une solitude irrémédiable, sans issue. Il révèle cet homme dans toute sa naïveté et sa sincérité, faisant de la scène de théâtre le lieu d’une incarnation étonnamment juste et sans fard.

Agnès Santi

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Avignon Off. Le Petit Louvre, 23 rue Saint Agricol. Du 7 au 28 juillet à 18h55. Tél : 04 32 76 02 70.

 

Le Petit Louvre

Texte, mes et jeu Bernard Crombey